Cette vanité* restitue une partie des billets ayant été publiés sur le site Les Moissonneuses, créé le 1er août 2006 par Jenny Suarez-Ames et deux copines (Kelp et La Rubia, semblerait-il), puis co-administré — si j'ai bien compris — à partir d'août 2007 par le colonel Alfredo Smith-Garcia, qui vaporisa l'ensemble le 23 janvier 2009.
Certains billets sont bien complets de leurs commentaires, mais la plupart, non : on a fait avec ce qu'on avait.
Comme je suis une truffe en informatique, la mise en page est parfois bousculée, différente de celle d'origine. Si certaines images manquent, c'est qu'elles ont disparu des serveurs qui les hébergeaient. Quant aux liens internes des messages, la plupart ne fonctionnent évidemment plus.
Mr Paic-Machine nous signale aimablement que l'on trouve d'autres archives des Moiss' .

* Les mots en italiques sont dus à l'intelligence de l'Anonyme historique d'autres blogues, fruits plus ou moins ancillaires des Moissonneuses.

jeudi 11 février 2010

Juin 2007

vendredi, juin 29, 2007

(France) Inter(lude) culturel

En allant faire un petit tour chez Valentine (qui est, semble-t-il, toujours amoureuse de Philippe Collin: continue, Valentine, ta ténacité paiera!), j'apprends avec horreur que La bande à Bonnaud va disparaître à la rentrée. (Comme Arrêt sur images, tiens, qui n'aura donc pas le loisir de nous analyser les meilleurs JT en direct de l'Élysée.)
"A moins que la direction de France Inter ne considère qu'une émission d'Isabelle Giordano suffise à assurer une mission de service public, j'ai du mal à comprendre pourquoi elle supprimerait la seule émission culturelle digne de ce nom de son auguste antenne", s'interroge, comme nous tous, Valentine. S'agit-il d'un feu de paille destiné à mobiliser les auditeurs de façon à dégager discrètement Nicolas Demorand dans la foulée (Jean-Pierre Pernaud ferait très bien l'affaire, ou tout simplement Stéphane Paoli, qui connaît bien le job)?
Quoi qu'il en soit, si, comme Valentine et moi, vous êtes très colères contre cette décision absurde (et la direction de France Inter), allez donc signer cette pétition.

Votre feuilleton préféré: 1275e épisode

Alors donc finalement les Moissonneuses ne sont pas parties au festival de F. parce que certaines choses traînent quelque peu, bien que la situation ne cesse d'évoluer (dans un sens positif), et que nous avons des rendez-vous à préparer qui concernent les évolutions en question — les nouvelles parfaitement incompréhensibles, j'en ai bien conscience, qui précèdent sont évidemment destinées aux camarades qui suivent le feuilleton MR et demandent "alors, alors, vous en êtes où?". On en est là, on court plusieurs lièvres, les pistes sont intéressantes, les surprises, quotidiennes et divines (voir plus bas), les benzos, posologiques et les blés, écarlates.
On ira à la SN, à G., en juillet, sinon, donc vivement juillet car là-bas il y a le ciel, le soleil et la mer, des gin-tonic, de la poésie, la nuit, et des terrasses et des bégonias.
Pour plus d'informations (hors secrets d'État), évidemment, n'hésitez pas à passer par le canal habituel.
Et, comme d'habitude, la MR vaincra!

[Illustrations métaphoriques incluant une fin heureuse.]

Mélancolie virile, fin du monde et flower power

jeudi, juin 28, 2007

Divines surprises

Plusieurs délicieuses nouvelles aujourd'hui, toutes concentrées dans notre charmant petit monde éditorial où tout est rose et joli, surtout dans le noir, milieu perméable et sympathique, comme il se doit.
D'abord, car il ne faut jamais se négliger, j'ai reçu par la poste mes droits d'auteur (oui, oui), qui se montent à... 14,20 euros (quatorze euros et vingt centimes). Voilà qui illumine une journée qui s'annonçait déjà des plus idylliques.
Ensuite, quelle ne fut pas ma surprise (même si c'était tout à fait légitime) de voir dans le supplément littéraire de mon journal habituel, Le Figaro, un excellent article sur l'excellent livre du camarade Leroy, Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines, dont on n'avait pas manqué de faire l'éloge ici, parce qu'un bon bouquin comme ça, et français qui plus est, ça ne se trouve pas sous le pas d'un cheval. Duteurtre a adoré et il a raison, et à la question qui taraude certains crétins du milieu littéraire, "Leroy est-il un écrivain de droite?" il répond par deux autres questions: "Faut-il être de droite pour critiquer si sévèrement le capitalisme moderne (en un autre temps, on aurait plutôt qualifié Leroy de Marxiste)? [...] Faut-il être de droite pour écrire simple, clair, d'une plume qui parle et vous emporte [...]?"
Il était temps de saluer l'évidence marxiste et stylistique du jeune homme. C'est chose faite (et dans le Fig!).

[Jérôme Leroy, Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines, Mille et une nuits]
[En illustration, un auteur marxiste qui a du style, DR]

Information pratique (mise à jour)

Chers camarades, il semble que free me fasse des misères, le vilain, merci d'envoyer des mèles (si vous voulez) à cette pauvre Jenny Ames.
Je vous aime.

Alors bon, maintenant ça remarche.
Je vous aime quand même.

Sucrerie

Vingt Ans

mercredi, juin 27, 2007

En cours

Pardonnez de ralentir un peu mon rythme de lecture: je n'ai pas encore terminé Les mois d'avril sont meurtriers, de Robin Cook (pas celui des thrillers médicaux, celui de J'étais Dora Suarez, "roman en deuil" dont on a déjà parlé) mais après 150 pages, je peux dire avec certitude que j'aime, et que Cook — Sallis aussi, je pense, dont j'ai acheté Bois mort à Bruxelles — va entrer dans mon panthéon noir. Par ailleurs, mais les spécialistes confirmeront, le flic (sans nom?) est je crois bien le même que celui de Dora Suarez, endeuillé et obsédée par son drame familial (on ne dira rien, lisez Cook), qui sous-tend, ou parasite, comme on voudra, ses enquêtes. Avec ceux de McBain et le Resnick d'Harvey (et sûrement d'autres que je n'ai pas en tête), c'est l'un des plus attachants que j'ai croisés (on parle des flics, pas des privés, parce que Lehane, Bruen, Brown...). Lui, c'est un homme qui pleure dans son sommeil, veut réchauffer les morts et dit des banalités fulgurantes : "Il y a des fois — je ne sais pas si c'est pareil pour tout le monde — où tout est au-dessus de mes forces. Trop en même temps, et personne vers qui se tourner."
Cook est grand.

[Robin Cook, Les mois d'avril sont meurtriers, Série noire]

L'élégance de Manchette

"Il est remarquable qu'un homme comme Fast, après avoir capitulé devant la commission McCarthy, et alors qu'il défend ensuite, dans ses polars alimentaires, des valeurs quasi pétainistes — travail, famille, patrie —, continue de donner une allure fascistoïde aux dictatures étrangères qui persécutent ses héros."
("Notes noires", Polar n° 25)

"Je suis emmerdé [...] d'avoir publié que Howard Fast avait capitulé devant les chasseurs de sorcières, puisque c'est faux. L'homme est resté ferme. La honte est pour moi qui l'ai calomnié."
("Notes noires", Polar n° 26)

[Jean-Patrick Manchette, Chroniques, Rivages/Noir]

Ce blogue est fou et elle est folle

La personne qui a posté le billet ci-dessous a raison: je (l'éditrice) suis une obssessionnelle (compulsive) et j'exècre la nunucherie. Il y a cependant des choses qui me révulsent plus que... non, en fait non, j'exècre bel et bien la nunucherie, sans être pour autant insensible, comme disait ma collègue, à un certain romantisme. Ainsi, parmi les récents, Matheson ou Nimier ne m'ont pas laissée de glace; je me suis même surprise depuis peu, o progrès, à pouvoir aimer. Et pas seulement mon kiosquier et Steve McQueen (que l'on a d'ailleurs pas vu en photo ici depuis longtemps). Et George Sanders (même remarque). Et les films de gangsters. On n'y croyait plus.
Alors tout ça pour dire que la personne qui se plaint de ne pouvoir poster de romantisme maison a tort, d'autant plus qu'elle est l'une des fondatrices de ce blogue ce qui lui donne (à peu près) tous les droits. Les Moissonneuses. Au pluriel (collection fondée par Georges Liébert et dirigée par Joël Roman).
Lâche-toi ma fille.

Ce blog est fou ou je suis folle

Moi qui suis quand même une des instigatrices du blog (je le rappelle car on l'oublie un peu à cause de la déferlante rouge que je me retiens de censurer !)je me retrouve toujours dans la situation de la fille qui gamberge avant d'écrire dessus. Ce lieu de rencontre et de partage a-t-il mis la barre trop haut. Je m'explique :
Quand je suis d'une humeur fleur bleue et printanière, j'ai envie d'écrire de jolies phrases de ma composition, des trucs sans prétention mais que je ne trouve pas dénués de poésie. ET, non, impossible, car le jury est rude ! Entre les bons écrivains, l'éditrice qui traque les fautes et qui exècre la nunucherie quoiqu'un beau jeune homme l'ait ouverte au romantisme, je ne peux vraiment pas oser exposer mes envolées lyriques. Vous manquez quelque chose ! Alors juste pour que la frustration ne soit pas trop difficile, voici une jolie phrases car, je radote, j'aime les jolies choses
."(..., censure blind test) Je partirai en chasse, à l’affût des pépites enfouies, des débris de l’or du temps. Je quêterai mon enfance envolée et une sarabande d’images nées d’un claquement d’ailes des fées sur mon berceau."
PS : L'écrivain en question est un peu pour quelque chose dans le cadeau que je vous fais, si je n'étais pas attachée de presse, je vous aurais laissé crever sans rien à admirer. Dieu, que je suis bonne !

La huitième plage

C'était un temps déraisonnable

Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.

C'était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d'épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j'y tenais mal mon rôle
C'était de n'y comprendre rien

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent

Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un coeur d'hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m'allonger près d'elle
Dans les hoquets du pianola.

Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faïence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n'en est jamais revenu.

Il est d'autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t'en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.

À la raclure anticommuniste primaire qui pollue Cook et Thompson

Sur Robin Cook, nous avons eu droit à un lien vers un article du Monde, une tribune écrite par des historiens, en fait. Je l'ai lue, elle est bourrée d'incohérences et de condamnations péremptoires, comme celle-ci, particulièrement abjecte: "[...] le Parti a profité de l'effondrement militaire de la France et de la chute de la République bourgeoise pour prendre à l'été 1940 une série d'initiatives qu'aucun martyre ultérieur ne saurait effacer." Paix à l'âme des glorieux martyres, et toi, fous-leur la paix, enfoiré.

Sur Jim Thompson, le commentaire suivant:
"Magnifique! J'adore la proximité des liens du PCF et de la societé des psychanalytiques! Vieille manie des communistes que de vouloir melanger psychiatrie et politique... Au Chili , c'etait les Stades , En URSS , les HP. Chacun son kif. Signé : -FantômaS-"
Puis-je dire: "n'importe quoi"? Tu confonds psychanalyse et psychiatrie, ce qui est pour commencer une erreur majeure, pauvre nul, ne parle pas de ce que tu ne connais pas. Ensuite et surtout, ce post n'était pas PCF, ducon, il citait un écrivain que tu n'as jamais lu et que tu ne mérites pas de lire. Jim Thompson est grand, tu es minuscule. Alors, puisque ce n'est pas du post, c'est du pot de chambre qui te sert de galure (et de ta cervelle bourbeuse) que tu nous sors ici le "mélange psychiatrie et politique", dont tu es tout fier. Quant à la comparaison entre le Chili et l'URSS, sa pertinence est aussi évidente que tes prétentions d'historien.

Va mourir, Holopherne de mes deux, ou je te coupe la tête et le reste.

Vaurien(ne)(s)

"Mon plus ancien souvenir est d'avoir été pincé. Au sens propre, j'entends. J'étais un gamin lourdaud, avec une grosse tête, qu'un rien faisait bafouiller et se prendre les pieds dans le tapis, tandis que ma soeur Maxine, pourtant ma cadette, avait l'esprit alerte, le geste vif, et la langue bien pendue. Quand mon comportement ou mon apparence avaient le malheur de lui déplaire, c'est-à-dire à tout bout de champ, elle me pinçait. La métaphore 'doux comme une peau de bébé' n'a jamais et de sens pour moi; j'avais le corps entier comme tatoué à coups de pinces à charbon."

[Jim Thompson, Vaurien, Rivages/Noir]

Et peut-être les plus douloureux pincements font-ils les meilleurs écrivains, en fait.
Et les benzos à trop haute dose, les pires idiotes de la terre.

lundi, juin 25, 2007

Cook en qwerty

"Je vais la ou se retrouvent les fantômes, je vais la ou se rencontre le mal."
Robin Cook, Les mois d'avril sont meurtriers, SN 1976, 1984

Survivantes

"Juin 2007 fut une curieuse période pour les Moissonneuses. À défaut de leur innocence, qui n'était déjà plus qu'un lointain souvenir, et de leur beauté (cela viendrait un peu plus tard), elles avaient perdu une partie de cette admirable légereté face à l'adversité qui les avaient rendues célèbres. Non pas qu'elles songeassent à se THUER mais bon, c'était pas la grande forme et les bourre-pifs se perdaient. C'est alors qu'un étrange barbu fit son apparition..."

Jean Lacouture-Lagardère Jr., Les Moissonneuses et l'étrange barbu (coll. "Survivantes", MR-Dassault, Paris, 2057)

Énoncé présomniaque typiquement contre-performatif

Puisque tout le monde s'en fout: moi aussi.
Adieu.
Mais d'abord, laissez-moi vous lire une berceuse.

dimanche, juin 24, 2007

Voyage d'affaires

Après avoir finalement annulé F., je pars pour la MR à B.
En fait, ce blogue sans commentaires sera comme un vieil agenda que l'on feuillette une fois l'année passée. Je faisais quoi déjà le 25 juin 2007? Le matin j'attendais divers mèles (H., J., C.), je passais un coup de fil déterminant, je m'énervais (hum, nul besoin de stratagèmes mnémotechniques pour me rappeler cela). L'après-midi, je partais pour B. et dans le train je lisais Les mois d'avril sont meurtriers, de Robin Cook, c'était excellent.
À l'époque, je me souviens, tout était très compliqué et je ne savais pas grand-chose.
Mais, je me souviens, ça s'est pas mal amélioré en juillet 2007, on a eu cette putain de réponse, on a pu arrêter d'attendre. En août, on a passé trois semaines à Naxos ou en Normandie, je ne me rappelle pas très bien mais c'était extra. En septembre, on a vraiment démarré, alors là, on était ravis, on a fait un beau raout pour fêter ça, personne n'a oublié. En octobre, on était en pleine prod mais on s'offrait un petit break en milieu de semaine, une ou deux fois par mois au début, puis plus souvent, heureusement parce qu'on était vraiment claqués. On partait bosser à la campagne aussi. Novembre, le rythme s'est accéléré, on était comme des dingues, les épreuves, les correc, le programme de l'année d'après, mais pas question de lâcher nos petits breaks et nos restaus, de temps en temps. Décembre, Kelp et moi on a eu 28 et 33 ans. Belle fête, encore, mais on bossait le lendemain alors bon, il a fallu se limiter. Noël, moyen, comme d'habitude, une fête de famille, je ne me rappelle pas trop les cadeaux, mais pareil, le lendemain: au turbin mes chéris. Aucun souvenir du Nouvel an, on avait dû picoler comme des trous, je crois que je suis tombée, à un moment, parce que j'avais un bleu à la fesse le lendemain. Quelqu'un m'a gerbé dessus mais qui? Pas Kelp, on s'est vu le lendemain, elle était pas fraîche non plus mais elle se rappelait que c'était un type. Enfin peu importe, le pressing a fait du bon boulot. Comme nous: janvier, le coup de feu. Une dizaine de jours à attendre et c'était les premiers bouquins. On avait hâte. Depuis le temps... La fête de lancement, je me souviens, on l'avait prévue pour la sortie des premiers. Mais avant, avec H., jeunes, fringants, convaincants, on s'est cogné une tournée de librairies à Paris et en province. Du sport. Du coup la fête c'est peu dire qu'on l'attendait. Une réussite, Libé a fait un entrefilet sympa. Enfin je suppose que vous vous rappelez, et puis maintenant, tout ça c'est de l'histoire ancienne.
J'pourrais ravoir une tournée de gin-mantra, patron?

Humeur du jour : crac un bourre-pif

Somme(s)

31 août 2006.
Nous pouvions déjà deviner que nous nous embarquions dans une étrange année scolaire.
Redrum, redrum.

Old souls

Les enfants aiment les Moissonneuses (enfin on dirait)

Nous tenons à préciser qu'aucun enfant n'a été payé ou maltraité d'aucune manière durant cette séance de photos, que ces délicieuses bambines (dont une ne nous connaissait nullement — oh non, elle n'avait pas cette chance) sont venues spontanément vers nous et sont montées sur nos genoux de leur plein gré. Nous n'avons pas été obligées d'employer la force ou de recourir à la menace pour les attirer dans ce qui n'était en aucun cas un traquenard (hors chatouilles de bonne guerre).
Nous avons même pu entendre, alors que l'une d'entre elles voulait qu'on refasse l'avion, cette phrase étonnante: "Bah toi [JSA] t'as toujours la cote avec les petits." MOI? WHAT? Moi qui traîna si longtemps la réputation de celle-qu'aime-pas-les-enfants, moi qui, il est vrai, les chassait naguère à coups de pied(légers mais fermes) quand ils tentaient de me bavouiller sur le jean, maintenant j'aurais la cote avec les petits?
Bon oké, j'avoue. Mais Kelp aussi, alors donc égalité.
Au casting, Céleste V., ravissante starlette visiblement habituée aux objectifs. Et Alia (?) inconnue au bataillon mais tout à fait délicieuse. Quant aux adultes en robe du soir, on ne les présente plus.

Souvenirs d'un veau marin

Alors donc je recommande vivement à toute personne souhaitant se reposer un petit séjour en baie de Somme — hélas le mien fut trop court, je n'ai donc pu atteindre le nirvâna du zen qui m'aurait permis, dans une vie prochaine, de me réincarner en veau marin, animal pacifique (enfin je pense) que l'on peut croiser (en vrai, j'en ai pas vu) dans ces contrées si calmes où l'on se prend à méditer, vautrée sur un banc de sable comme, précisément, un veau marin (voir photo).
Quelques notes sur les hôtels et restaurants du coin. Au Crotoy, les Tourelles c'est bien joli mais très surestimé, limite surfait, voire un peu nul. On pense Guerlain, Heure bleue, Habit rouge, on a un salon témoin Ikéa "Seestrüm" (comment dit-on marin en suédois?). Je sais, j'ai des goûts de luxe. Cependant bleue, rouge est la sublime baie. Pour revenir aux Tourelles, on y mange divinement, certes, on y dort bien, j'en conviens, la vue est extraordinaire, c'est un fait, mais avez-vous déjà vu un bar d'hôtel non fumeur? Un bar d'hôtel est, par définition, un lieu fumeur, ou bien ça s'appelle une salle de relaxation de spa ou de clinique psy, ou une buvette d'hosto. J'aime pas trop, trop, en fait. Cela dit les alcooliques anonymes photographiées ici ont pallié ce problème en prenant l'apéro dehors. Ca caille grave mais c'est beau.
Voilà pour les Tourelles, j'emmerde au passage leur devise façon "un esprit sain dans un corps sain", à laquelle on peut difficilement adhérer quand on vient de se taper un Palahniuk, si vous voyez ce que je veux dire (lisez Palahniuk). I don't want a total rehab.
De l'autre côté de la baie, Saint-Valéry-sur-Somme, petit bled délicieux quand il ne pleut pas trop. Or, il pleut trop. Mais bon, on ne va pas faire la fine bouche: c'est ravissant et il y a toujours cette baie du bout du monde, belle à en mourir. Et en semaine, personne.
Non loin de St-V./S., l'hôtel restaurant du Cap Hornu (quel vilain nom) est lui, un endroit fort sympathique. On peut y fumer, par exemple, mais aussi y lire en terrasse Le Hussard bleu face à une immensité verte. L'air, l'espace, la lumière. En contrebas la plage, la baie, des chevaux, des coquelicots, du vert, du bleu, du rouge. Même pour une angoissée du calme, de l'oisiveté saine et du repos comme votre hôtesse (JSA speaking), c'est un lieu de rêve. Portable coupé, pas d'ordinateur, des livres et l'air, l'espace, la lumière. Presque rien n'a manqué, presque. À part le Temps et, naturellement, Vous, qui cependant jamais ne quittez mes pensées.

[NdB: ce publi-reportage n'a été financé par aucun hôtel ni conseil général ou autre veau marin.]

samedi, juin 23, 2007

Watch out!

Fille perdue

Je m'absente quelques jours pour un repos bien nécessaire en baie de Somme, terre d'air, d'espace, de lumière, mais aussi des cartes postales les plus vilaines du monde, et voilà que je trouve cette réprimande du Culpet:

"Posez-vous plutôt la question suivante. Ne sont-ce pas vos goûts qui choquent les vraies consciences éclairées? Ellroy est d'extrême droite, pour la peine de mort. Manchette adorait la violence. C'est deux là nous ne pouvons rien contre eux car ils sont trop célèbres. Nous feignons donc de les aimer. Mais les autres sont d'ignobles crapules rouges, brunes, rouge-brun, alcooliques stal de droite, aristo de gauche, des paradoxaux, des ironistes. Vous feriez mieux de modére votre blogue, mademoiselle, et de voter socialiste ou modem.
Comitié Uni des Lecteurs de Polars Ethique(étiques aussi d'ailleurs)"

Bon, ça risque de barder pour mon matricule, là. Parce que j'ai pas mal lu, ces deux jours — oui, j'ai la chance de pouvoir lire en bagnole — et que l'intuition féminine me souffle, comme ça, que j'ai once more aggravé mon cas. J'avoue tout: à l'aller, j'ai lu Berceuse, chef-d'oeuvre hilarant et terrifiant de ce grand malade de Palahniuk, encore un non-violent, tiens. Au retour (oh bordel j'ai la trouille rien qu'à l'idée de le dire, je vais me faire tu-er), Le Hussard bleu de vous-savez-qui (nan, on avait dit pas les habits). Et puis entre les deux, allez au point où j'en suis je peux tout lâcher, je suis déjà morte, quelques chroniques de... attends... de Shuto Headline.
Culpet, ok, tu peux préparer ma cellule, je me rends (mais juste à l'évidence).

La plage du bout du monde

La leçon d'histoire

Non, je n'oublierai jamais la baie de Rio
La couleur du ciel, le nom du Corcovado
La Rua Madureira, la rue que tu habitais
Je n'oublierai pas, pourtant je n'y suis jamais allé

Non, je n'oublierai jamais ce jour de juillet
Où je t'ai connue, où nous avons dû nous séparer
Aussi peu de temps, et nous avons marché sous la pluie
Moi, je parlais d'amour, et toi, tu parlais de ton pays

Non, je n'oublierai pas la douceur de ton corps
Dans le taxi qui nous conduisait à l'aéroport
Tu t'es retournée pour me sourire, avant de monter
Dans une Caravelle qui n'est jamais arrivée

Non, je n'oublierai jamais ce jour où j'ai lu
Ton nom, mal écrit, parmi tant d'autres noms inconnus
Sur la première page d'un journal brésilien
J'essayais de lire et je n'y comprenais rien

Non, je n'oublierai jamais la baie de Rio
La couleur du ciel, le nom du Corcovado
La Rua Madureira, la rue que tu habitais
Je n'oublierai pas, pourtant je n'y suis jamais allé

[Grand merci à Mimosa, dont l'excellent goût sentimentalo-kitsch m'a permis de retrouver ce chef-d'oeuvre. Parce que cette foutue chanson, je l'ai cherchée pendant des lustres, harcelant amis et amants, variétomanes: "Mais si, c'est un type qui rencontre une Brésilienne, et ensuite il l'accompagne en taxi à l'aéroport mais son avion, il se crashe... Mais si... MAIS SI..." Et voilà, Nino Ferrer, que je ne peux pas tellement blairer, hormis là. La chanson s'appelle "La Rua Madureira". Les nuages viennent de la baie de Somme.]

jeudi, juin 21, 2007

Interlude musical

Un an après ! Private revenge


FASCINATION, subst. fém.
A. Attrait irrésistible et paralysant exercé par le regard sur une personne, un animal. La fascination du serpent sur un oiseau. Il ne le quittait pas des yeux, il subissait la fascination qui le clouait là, en dehors de son vouloir (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 335) :

1. ... il y a un magnétisme dans l'être humain, comme il y a une fascination exercée par certains animaux sur d'autres espèces d'animaux pour les attirer et les soumettre.
SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 257.

P. ext. Attrait exercé par une lumière, un objet brillant, le mouvement de l'eau, l'eau elle-même. La fascination de l'eau. Gisors hypnotisé par sa lampe, réfugié dans cette fascination (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 412). La lumière (...) ébranle physiquement nos nerfs optiques, crée à la longue une fascination, presque un début d'hypnose (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 133) :

2. Bien que j'aie entrevu un grand nombre de pays fameux, nul ne m'attire davantage que cette région des étangs lorrains. Son délaissement et sa délicatesse épurée exercent sur mon esprit une véritable fascination.
BARRÈS, Serv. All., 1905, p. 1.

B. Au fig. Attirance qui subjugue. La fascination de Bonaparte; exercer une fascination sur qqn. Les fascinations de la tristesse ne sont pas moins dangereuses que celles du bonheur; elles attirent même davantage (FLAUB., Corresp., 1847, p. 50). Être sous la fascination de qqn, de qqc. Tout un peuple sous la fascination du sublime moral, éperdu d'admiration, d'émotion, d'adoration (AMIEL, Journal, 1866, p. 114). Subir la fascination de qqn, de qqc. Tous les caprices de celui qu'elle a soumis et qu'elle tient sous l'empire d'une fascination invincible (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 19). Aucun de nous, jeune ou vieux, n'est sûr qu'il ne va pas rencontrer l'être dont il subira jusqu'à la mort la fascination (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 19) :

3. Peut-être l'Allemagne commence-t-elle à subir, à son tour, la fascination du désastre qui n'avait, longtemps, paralysé que ses ennemis?
DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 633.

En partic. Enchantement. La fascination de la beauté, du passé :

4. Ah! que je vous ai quittée à contretemps pour moi, dans un moment où la fascination de ces heures uniques, de ce magique jardin me rendait persuasif...
MICHELET, Journal, 1860, p. 621.

mercredi, juin 20, 2007

Just nothing


Une belle phrase :

"Les mots s'arrachaient dans leur habit de lumière, succession de fusées qui illuminaient la nuit."

Je ne peux pas parler d'oeuvres, alors je ne parle que de mots, de sons qui résonnent, de cadences qui m'entraînent. Car je connais peu de choses et je fais illusion par des morceaux choisis.
On croit alors que j'ai lu des livres et que ma culture est à peu près étendue mais tout cela n'est qu'un vernis facilement égratignable mais qui reconnaît ce qui est beau. Pour preuve, cette phrase...

Scooooooooop

Dernière minute: il existerait ou il aurait existé des goulags à Caen (ou dans une ville appelée "not set"), probablement créés par une drouate présarqueausiste afin de discréditer notre grand parti, ce qui expliquerait l'incroyable anticommunisme primaire qui sévit dans ces contrées. Attention, cette information demeure au conditionnel. Cela dit je doute que Cachan ou Chambéry aient été victimes de cette manoeuvre ignoble. Vélizy-Villacoublay peut-être? Toulon? Non, Toulon a assez d'emmerdes comme ça. Sinon, Paris et Lille sont toujours nos villes stars.
Have a nice orwellian day.

Dreaming of Babylon

Salut public de mon coeur, j'espère que Kelp et la Rubia vont déchaîner leur inspiration et tirer quelques missiles car je me tire une poignée de jours respirer l'air de la mer et rêver d'un chemin vert qui mènerait à Babylone. Sans ordinateur, cela va sans dire.
I’m tryin' to make me go to rehab, I say... why not?

Péhesse: merci au comité de surveillance des Moissonneuses (colonel, vous êtes notre blog-sitter) de veiller à ce que ce blogue ne devienne pas une friche oumesque.

mardi, juin 19, 2007

Livre du jour

Terminé à l'instant Le Martyre des Magdalènes, un excellent Ken Bruen (pléonasme), une double enquête de Jack Taylor, le privé littéraire qui ne va pas très bien puisqu'en plus de l'alcool (Delirium Tremens) et de la coke (Toxic Blues), il carbure désormais aux pilules superbenzo. Étant très fatiguée j'ai une flemme d'enfer de parler du livre, avalé en une journée — ça faisait longtemps et c'est un bonheur. Comme tous les Jack Taylor, c'est très noir, drôle et désabusé; certains amis meurent, les salauds aussi, les braves types ne sont que des hallucinations de junkie, à part deux ou trois, les clodos chantent Abba, les jeunes filles de mauvaise vie (ça veut tout dire) sont recluses au couvent et martyrisées par des gardiennes sadiques: Galway, ses freaks, son détective et ses pubs ne changent pas tellement. Tant mieux.
Alors maintenant que je suis repartie à fond la caisse dans les polars j'hésite: Prière pour la pluie (Lehane), Les mois d'avril sont meurtriers (Cook) ou Berceuse (Palahniuk)?
Sweet dreams, my love.

Mais...

... je rêve ou tout le monde se fout du roman nouare ici? Et Brown? (x 2, Leroy et Manchette) Et Cook? Parce que je veux bien ne mettre que du pécéheffe, des Thérèse, des Marx, des sarkopuduku et des famapouales, mais ça va encore piauler dans les bénitiers.
Plus généralement (et je ne vous en félicite pas), je constate que les posts à connotation "culturelle" (littérature, musique, tout ça) ne suscitent pas d'avalanche de koms. Pas plus que (alors là vraiment merci beaucoup c'est très encourageant les gens) les Moissonneuses vintage.
James, attaque!

HahAHAHhaHAHaHAHaHA (headless laugh)

Sans nouvelles de TOI

Pas, ou presque, de kom pendant deux ou trois jours, je commençais à m'inquiéter, à spéculer, ou pis encore, à imaginer. Le pire, car c'est toujours le pire qu'on imagine. J'ai depuis longtemps cessé de croire au pas de nouvelle, bonne nouvelle, crétin comme pas de fumée sans feu, la sagesse populaire qui puduku dans toute sa splendeur.
Où étais-tu passé, Versailles? Et toi, Caen? Tooouuuuulooooonnnnn? Allô Cachan, Nantes? Il y a quelqu'un? Rouen? Ici Paris, vous m'entendez? Chambéry, roger, je répète, Chambéry, roger.
Portiez-vous le deuil de Juppé? De Klarsfeld? Non, je ne vous en crois pas capables.
Ne faisons pas durer cet intolérable suspense:
Médaille d'or, comme d'habitude: Paris, talonné de près par Lille, puis par une ville dont Big Brother refuse de me communiquer le nom. Suit le peloton habituel (Caen, Toulon, Versailles, Cachan) et quelques traînards, dont certains nous avaient habitués à mieux (Nantes, Rouen, Marseille, Bruxelles).
Voilà, passez une bonne journée et détendez-vous sur un panda géant.

La FdN, par Leroy

Alors, bien sûr, au commencement, c'est l'histoire d'un homme obsédé par une morte, par une femme assassinée. L'histoire d'un homme qui en tombe peu à peu amoureux, qui veut réchauffer le corps profané en le nommant, en le nommant sans cesse, qui fait tourner le nom de la morte comme un mantra obsessionnel, comme un kaddish désespéré. « O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais. »
C'est une histoire vieille comme le monde, en fait, vieille comme la poésie. C'est Orphée et Eurydice, c'est Dante et Béatrice, c'est Nerval et Aurélia, c'est Proust et Albertine. C'est aussi, parfois, parmi les plus grands romans noirs qu'on puisse lire. Laura de Vera Caspary (qui sera transcendé par l'adaptation de Preminger), Le Dahlia noir de James Ellroy (que même le ratage élégant de Brian de Palma n'arrive pas à dépouiller totalement de sa puissance d'envoûtement), J'étais Dora Suarez de Robin Cook et puis, celui qui nous intéresse aujourd'hui, La fille de nulle part, de Fredric Brown.
J'aime bien mon édition de La fille de nulle part. C'est celle de 10-18, dans la collection « Nuits blêmes ». Au début des années 90, « Nuits blêmes » avec les élégantes et discrètement sadiques couvertures de Slocombe, a fait redécouvrir un paquet de chef d'œuvres, dans l'esprit de la mythique Série Blême, l'éphémère petite sœur de la Série Noire des années 50.
On n'était pas plus seulement dans le roman noir mais on flirtait aussi avec le fantastique, le gothique ou la psychanalyse envisagée comme roman d'épouvante. C'était Shirley Jackson avec Nous avons toujours habité le château, c'était Jonathan Latimer avec L'épouvantable nonne, Robert Bloch avec Temps mort ou, plus proche de nous, Alexandre Lous, alias Jean-Baptiste Baronian et son Matricide.
La fille de nulle part, si on y réfléchit un peu, est finalement un roman de Fredric Brown assez peu brownien. Le registre habituel de Brown, c'est plutôt le sarcastique, le grinçant, le nonsense à la Lewis Carroll qui trouve son apogée dans La nuit du Jabberrwok ou Martiens go home ! Brown, c'est l'homme connu pour l'humour terrifiant de la plus célèbre very short story de l'histoire de la littérature : « Le dernier homme vivant de la Terre était assis chez lui. On frappa à la porte. »
Et voilà, en 1951, cette fille de nulle part, lente, élégiaque et minutieuse comme un rêve d'alcoolique qui rêve qu'il n'est plus alcoolique. D'ailleurs, La fille de nulle part est un grand roman de l'alcoolisme. Il y a dans ce livre un personnage principal, Weaver, qui décide de s'installer à Taos, (Nouveau-Mexique), pour guérir d'une dépression. Il ne s'y prend pas très bien : « Au bout d'un moment, il acheta une bouteille au bar et rentra chez lui. Il se saoula jusqu'à l'hébétude et alla se coucher, bien avant minuit. »
La fille de nulle part décrit des gueules de bois de manière admirable, avec leur poids de paranoïa et de culpabilité. Je ne vois guère que Simenon dans ses romans américains, écrits d'ailleurs à peu près à la même époque (Feux Rouges, Le fond de la bouteille, La mort de Belle) pour faire aussi bien.
Taos est une colonie d'artistes où Brown a lui-même vécu. On peut ainsi penser sans trop prendre de risque qu'il y a quelque chose d'autobiographique dans La fille de nulle part. Weaver, quoiqu'il s'en défende, est un écrivain frustré. Le hasard l'amène à louer la maison où huit ans plutôt une certaine Jenny Ames dont on ne sait absolument rien a été assassinée par un peintre pédéraste qui attirait ses victimes par petites annonces. Weaver commence à enquêter parce que boire ne l'occupe pas assez. Il fouille dans la maison, il questionne en ville. Il fait des allers-retours incessants, souvent inutiles. Il est tatillon, cyclothymique et précis comme un vrai bipolaire. Jenny Ames colonise progressivement tout son esprit, tout son imaginaire. Du coup, il n'a plus très envie que sa femme, Vi, qui a terriblement grossi et qui picole autant que lui, vienne le rejoindre comme c'était convenu.
La fille de nulle part, ressemble pour son premier tiers, à Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry: même décor de montagnes, même transparence de l'air, même pureté des sons dans le matin clair, même folie latente, aussi, qui couve à l'ombre des phrases les plus anodines. Ensuite, quand Vi arrive, c'est du Chardonne vachard, un portrait de couple qui fait semblant. Vi écoute des disques et la radio (Brown pointe les débuts de l'envahissement de tous les paysages sonores par l'industrie musicale) et boit beaucoup. Weaver pense à Jenny Ames et boit encore plus.
Au bout du compte, Weaver trouve. Enfin, c'est ce que voudrait nous faire croire Fredric Brown. Comme pour tous les grands romans, il y a deux écoles de lecteurs qui s'affrontent sur la fin de La fille de Nulle part. Ceux qui pensent que Weaver a trouvé et ceux qui pensent qu'il s'est trompé. La vieille querelle entre les cartésiens et les rêveurs, les désenchantés et les fous. On se gardera bien de la vider ici : Jenny Ames ne s'en remettrait pas, et nous l'aimons, nous aussi.

[Jérôme Leroy, article paru dans Shangaï Express]

La FdN, par Manchette

"[...] Il est paru assez récemment La Fille de nulle part et c'est un chef-d'oeuvre. L'imperfection un peu lassante des autres Brown de Red Label, où la négligeance de la traduction fait parfois écho à la négligence de l'écrivain risque de détourner les acheteurs de La Fille de nulle part. Ce serait très dommage pour eux.. La grandeur de ce roman est dans son suspense double. D'une part le héros mène une enquête sur un crime ancien resté sans explication. D'autre part il lutte en vain contre sa propre dégradation. En même temps que notre esprit suit avec intérêt les progrès de l'enquête, notre coeur frémit de voir la misère du héros, sa déprime qui s'aggrave, son obsession qui monte, son alcoolisme qui le reprend. Le formidable coup de théâtre final, outre qu'il nous enfonce dans l'horreur et nous y laisse, noue admirablement les deux lignes du livre. C'est admirable."

[Jean-Patrick Manchette, Chroniques, Rivages/noir; Fredric Brown, La Fille de nulle part, Red Label, 10/18]

Un roman en deuil

"Mettez l'horreur à nu; affrontez-la telle quelle. Ne vous cachez pas, et la bonne volonté viendra, même si elle doit traverser l'enfer pour vous trouver." (J'étais Dora Suarez, p.223, cité par Natalie Beunat dans l'excellent numéro de 813 consacré à Robin Cook.)
Je n'ai lu, pour le moment, de Robin Cook que J'étais Dora Suarez. Les autres attendent, sur la pile, Les Mois d'avril sont meurtriers, Vices privés, vertus publiques, Comment vivent les morts (titre proche de celui d'un sublime Will Self).
L'article de Natalie, sa relecture émue et émouvante de J'étais Dora Suarez, m'a replongée dans un livre qui ne m'a jamais lâchée. Dora est morte, c'est une donnée de départ, atroce. Dora parle à travers son journal, qui est aussi, elle en a une conscience aiguë celui de ses derniers moments. Nous sommes dans les années 1980, Dora Suarez a le sida. Et le policier chargé de l'enquête, colonisé par la morte, dialogue avec elle via ce journal. Il lui parle; elle continue d'exister:
"Je comprends à présent, plus clairement que je ne l'ai jamais fait, que dans mon métier, ce n'est pas seulement mon honneur personnel qui est en jeu, mais celui de notre pays - comme si, en dépit de tout, il existait entre nous cette étincelle que nous savions préserver lorsque nous aimions les morts aussi ardemment que les vivants, et que nous étions prêts à croire qu'ils continuaient d'exister après nous avoir quittés. Pour ma part, j'en suis toujours convaincu, sans hésitation aucune, mais je ne suis pas capable, avec mes pauvres moyens, d'expliquer pourquoi nous avons changé."

C'était en 1990, bien des années plus tôt, George Weaver tombait amoureux jusqu'à la folie de Jenny Ames, fille de nulle part. Comme Dora Suarez.

[Robin Cook, J'étais Dora Suarez, Rivages/noir]

Nokthurne

J'avais promis Monnaie bleue ou le Hussard de la même couleur, l'appel de Ken Bruen est trop fort. Pardon messieurs, vous passerez après Le Martyre des Magdalènes (bien, non?). Jack Taylor est un cousin irlandais de Mattew Scudder, celui de Huit Millions de façon de mourir, des gars tristes qui subliment leur tristesse dans la cuite et regrettent et recommencent. Ce ne sont pas des alcoolos sublimes, plutôt des privés célestes qui aimeraient vivre des rêves babyloniens.
En ce moment votre hôtesse aimerait aussi rêver de Babylone, elle aurait un merveilleux associé, délicat et intelligent, une amoureuse âme damnée, qu'elle s'emploierait à séduire en le forçant à arpenter les jardins suspendus où poussent des bougainvilliers cycladiques. Il se pâmerait à la fin. Ils seraient riches à millions et refuseraient les affaires chiantes, chiens babyloniens écrasés, femmes adultères et cadavres médiocres. À la fin, ils s'échoueraient derrières les roseaux naxiotes avec l'Odyssée (et Ken Bruen).
En attendant Babylone, il nous reste à assurer une mission: sauver la face. Et Dawn, Neptune, quelques autres et de nombreux mantras pourraient bien nous y aider.
Je ne sais plus vraiment.

Bande-son du soir

Post de nature insomniaque destiné à m'occuper car je n'ai pas de dévédé portable et à satisfaire une certaine nature légèrement obsessionnelle compulsive.
À l'instar des célèbres moutons et des non
moins fameux benzodiazépines, la liste peut avoir, pour qui l'établit, une réelle vertu sédative. Enfin espérons.

Teach me Tiger (Marilyn Monroe)
La plus belle pour aller danser (Sylvie Vartan)
Revoir Paris (Charles Trenet)
Rahab (Amy Winehouse)
Please Mr Postman (The Supremes)
Old Souls (Phantom of the Paradise, Paul Williams)
Nature Boy (Peter Cincotti)
Mon ami mon amour (Marie Laforet)
Littlest things (Lily Allen)
Judy (Pipettes)
I can never go home anymore (The Shangri-Las)
Friday Night (Lily Allen)
Elephan Woman (Blonde Redhead)
Out of Time (Chris Farlowe)
Bang Bang ( Nany Sinatra)
Back to Black (Amy Winehouse)
You know I'm no good (Amy Winehouse)
Alone again (naturally) (Gilbert O'Sullivan)
Alfie (Lily Allen)
Any Day Now (Chuck Jackson)
Play Bach (Jacques Loussier)

Péhesse: ces titres, d'excellente qualité d'ailleurs, peuvent être envoyés sur demande à l'adresse mentionnée à drouate, et que je reprécise ici: les.moissonneuses@hotmail.fr
Si une telle requête nous est adressée, merci d'avance de le signaler sur le post parce qu'on ne tchèque pas cette adresse à tout bout de champ kanmaime.
Je crois que c'est tout, nous pouvons disposer.

lundi, juin 18, 2007

Come back

Pauvresse !

Un blogue peut être un moyen de passer ses nerfs, de raconter ses tracas ou ses peines: pas les Moissonneuses.
Mais
, là, je déroge à la règle parce que depuis une ou deux semaines JE SUIS VRAIMENT TRÈS ÉNERVÉE.
Rhaaa, ça soulage.
Excusez-moi encore.

COMMUNIQUÉ

LE PCF A SAUVÉ SON GROUPE!
LES HÉROS DU PEUPLE SONT IMMORTELS!

Satisfactions parisiennes

Dans ma circonscription chérie (6e), réélection de la députée PS à 69.12%.
Arno K., avocat à roulettes et ami des bêtes (v. photo), s'est pris une rouste dans le XIIe.
Beau soleil aujourd'hui sur l'est parisien.
HAhahAhaHAhaHAHaHAha (happy, rilax, coule parisian laugh)

dimanche, juin 17, 2007

Collatéral

Cher Vincent,
bien désolée que tu aies perdu ton siège, je me réjouis cependant de lire le manuscrit du Beignet était trop cuit (titre provisoire) et te remercie d'avance de me renvoyer l'un des contrats ci-joints signé. Bien à toi.

Voting in the rain

"En même temps, elle n'avait pas le choix: il fallait voter socialiste. Mais la pluie donnait à son suffrage une valeur presque héroïque."

Comme eux, gardons l'espoir

Yeah again


Rehab lyrics

Activité dominicale : finir des livres

ADIEU

"Vous êtes en état d'arrestation, ce coup ci, petite chienne réactionnaire. On a été trop coule avec vous.
Comité Uni des lecteurs de polars éthiques (culpet)"

À un cheveu! Juste le temps de finir L'Homme pressé (c'est chose faite) et je passe dans la clandestinité (via mon bureau de vote pour le PCF).
CULPET, TU PEUX LÂCHER LES CHIENS, JE N'AI PAS PEUR!
Colonel Smith-Garcia, vous avez mes instructions et mon avenir de femme libre entre vos mains (zeugma).
VENCEREMOS!

DERNIER AVERTISSEMENT

Si, par malheur, demain soir, la propagande sarsozyto-fasciste et cléricalo-bourgeoise empêchait la constitution d'un groupe communiste à l'Assemblée nationale, la glorieuse aviation soviétique volerait au secours des camarades français et bombarderait l'Elysée, le Palais Bourbon et Matignon.

Vive l'amitié franco-soviétique
A bas la réaction.

C'était un communiqué de MARCHAIS 2012

Ballon














En plus d'un corps de rêve, cette jeune femme dispose de revenus réguliers qui lui permettent d'aller à la plage dans un joli maillot de bain.
Pourtant, je ne l'envie pas.
En fait, si, pour être tout à fait honnête, je suis jalouse comme une teigne.

Ne sois pas timide: vote PCF !

On voit bien que Maurice est catholique.
Pourtant, il vote PCF.
Alors, pourquoi pas toi?

Fais comme lui

Joseph a bien mis son bulletin dans l'urne.
Maintenant, comme toi, il sait que le PCF aura son groupe à l'Assemblée!

Comment votez-vous PCF ?

Moi, avant d'aller voter PCF, je bois un café et je fume une cigarette.
Puis je m'accorde une petite sieste bien méritée sur mon éléphant de mer.

La France qui...

Après l'extrême sensualité d'"I can't stop", du révérent Al Green, nègre qui croit en Dieu, et la sublime version d'"Out of time" par Chris Farlowe, je ne vous imposerai pas la dutronerie de rigueur mais me contenterai de cette information lapidaire: il est 5h31, Paris s'éveille [...] et je n'ai pas sommeil.
Am I out of time my baby? Obviously I am. In many ways I'd say.

Notes technico-édito concernant ce blogue

1) Aujourd'hui on nous a signalé une panne dans les koms. Matosse pourri ou panne? Bref, maintenant ça remarche.

2) L'avez vous remarqué? Le film du jour a changé: maintenant c'est l'excellentissime Bullitt.

Nuit caline

Donc le Bal des Déb' de la MR s'est bien passé, oui, oui, personne n'est tombé de l'estrade, personne n'a mangé son micro.
Sinon c'est très intéressant, mon étagère de boulot (marque finlandaise) s'est cassé la gueule sur la mienne et les bouquins et l'imprimante avec, et les planches sont foutues. Conditions idéales pour travailler dans la bonne humeur et l'organisation. En même temps j'ai qu'à pas croire que ranger des livres la nuit est l'activité parfaite pour se relaxer après un samedi laborieux.
La quantité de livres accumulés dépasse d'ailleurs désormais la capacité de mon cosy logis. Il est temps de s'agrandir, n'est-ce pas? HahaHAhahAhaHAhaHahA (desperate laugh).
Il est donc 3h30, l'heure de finir l'Homme pressé ou Tirez sur la pianiste, selon l'humeur du soir qui est, on l'aura noté, d'hyène agacée.

DEMAIN, LE BONHEUR!

Grâce au vote PCF, vivez dans un monde où le zéro dosage et les famapouales seront pour tout le monde sauf les capitalistes qu'on aura pendus avec les tripes du dernier curé.

samedi, juin 16, 2007

Ensemble

N'ayez pas peur!
Nous sommes avec vous!
Nous sommes éternels!
Le PCF sauvera son groupe à l'Assemblée nationale!
Nous croyons aux forces de l'esprit du marxisme-léninisme!

Hymne national bis

Hymne national

vendredi, juin 15, 2007

À demain

Hum, hum. Merci d'avoir une petite pensée autour du début de l'après-midi. Rien de trop élaboré, hein, ne vous fatiguez pas, mais juste une petite quand même.
Sur quoi je vais tâcher de dormir afin de présenter demain un faciès de moissonneuse radieuse et de tenir un discours cohérent.
Peut-on mourir de honte alors que le ridicule ne tue pas? Nous en saurons plus sur les paradoxes des expressions populaires dès demain après-midi, donc.
Adieu.

Moment d'émotion

Dans Le Monde des livres d'hier, trois (3) camarades moissonneurs sont cités (certains plus modestement que d'autres mékanmaime, c'est la première fois), et ils viennent à l'instant de s'apercevoir de la coïncidence. Petting ourselves grave p. 4, p. 9 et p. 11.
Voilà qui illumine ma journée.

Au passage une petite publicité pour les excellentes rééditions des oeuvres de Jean Meckert chez Joëlle Losfeld, dont le dernier volume est salué par le journal en question.

Camarade HD, camarade JL, les Moissonneuses, elles aussi, vous saluent respectueusement et affectueusement.
And we need your strongest support for tomorrow.

Les vraies valeurs sont de retour

Vas-y, dévore-moi, cria son esprit à sa névrose

Pour ceux pour qui le concept de "littérature mécheuse" demeure flou, en voici un exemple, certes un peu extrême et dégoûtant, mais (peut-être de ce fait) déjà considéré comme "culte". Je précise que cette... chose... est un texte qui a été réellement publié après quelques amendements qui relèvent du foutage de gueule pur et simple, la... chose... ayant été déclarée dès le départ "nulle et inamendable".

"Je n’ai jamais éprouvé le moindre intérêt pour les forces armées, songeait-il tandis que le serrurier affinait son art contre les verrous rouillés et le pêne mollissant, ni non plus d’inimitié, contrebalançait-il par habitude, l’armée a toujours été là, c’est tout. Une réalité pleine de désolantes actions, s’emporta-t-il dans l’élancement vigoureux de l’adrénaline suscité par le craquement final de la petite chaîne d’or entrebâillant l’ouverture. Il resta là, bercé par ses pensées, essayant de dégager une morale à toute cette histoire. Il restait là, encore debout, seul sur le palier, face au serrurier désormais serein, seul dans la cage d’escalier à regarder trois hommes, fusil au poing, se tenir en joue dans l’appartement, tendus et rassurants. [...]
Larve veule assise par terre, François serrait dans sa main droite ce qui avait été le premier instrument médical de l’histoire, une fois détourné de son usage primitif (la chasse, probablement) : un couteau à viande. Son esprit était en charpie, c’était une situation d’urgence.[...]
De son bureau, Alexandre entendit la rafale, les soupirs des morts et quelques cris. Sa paranoïa revint immédiatement le hanter. Et sa paranoïa pouvait avoir raison. Vas-y, dévore moi, cria son esprit à sa névrose. Et la peur l’immobilisa."

VOTRE minute orwellienne

Comme tous les matins, très tôt aujourd'hui en l'occurrence, si vous avez bien suivi, je salue les spectateurs les plus assidus des Moissonneuses dont certains en sont aussi aussi les commentateurs. C'est la moindre des politesses à leur égard.
Pour le 14 juin, notre classement d'intervilles sans Guy Lux (RIP) donnait ceci: Paris ; Lille ; Caen; Chambery; Evreux; Versailles; Velizy-Villacoublay; Cachan; Orleans; Toulon. Bravo à tous, vous êtes formidables.
Un petit bonjour particulier à Tarrytown (États-Unis) et à Nantes qui, pour n'être venus qu'une fois, ont cependant pris le temps de rester un peu parmi nous. Ne soyons pas injustes, ne les oublions pas.
Nos gentilles réprimandes vont aux glandeurs habituels, notamment l'ENS, l'Université de Savoie, et puis Hachette, Atlas et, dans une moindre mesure, Harlequin. Messieurs-dames, je ne vous félicite pas.
Pour ce qui est de la gougueulisation, "polipoquette" remporte un franc succès, de même que "Copé" associé, ce n'est pas une blague, à "cloporte", ainsi que deux personne de la famille de "J aka J" qui ne sont pas elle. Soulagement.
Sur ce, étant une personne sinon moralement au moins physiquement propre, je vais prendre un bain.
Passez une excellente journée, dans la paranoïa et dans la joie.
HahhaHAhaHAhaHahahAHahaHAa (daily orwellian laugh)

La fille speedée

Il existe des livres, qui, sans être des romans de terreur — j'aime bien Bloch ou King ou les gothiques anglais mais maintenant les nonnes sanglantes m'effraient moins, j'avoue. Quoi que quand je vivais dans un couvent... ouais, je sais, j'aime bien aussi les digressions, mon goût poussé pour les conversations décousues, sûrement, BREF —, ne font pas dormir, voire empêchent toute sincère velléité somniaque.
An fète, sa veu dyre kylya dé livre défouah ki son trobyun é dukou tu dort pah.
Cette nuit, j'ai donc été victime de L'Homme pressé, comme par hasard. Je vais donc me pieuter innocemment aux environs de deux heures, après une charmante conversation décousue, j'ouvre vers la page 80 le livre en question, et soudain, après trente pages échevelées, bouillonnement d'idée sans rapport avec le livre mais arrivé par sa faute et à une heure que les biorythmes réprouvent. Je me jette sur le compiouteur, balance sans les trier mes idées décousues sur un mèle de beaucoup trop de signes, envoie, vais me recoucher. Retour à la voltige de Pierre Nioux. Mais... j'ai un mèle urgent à écrire pour le travail. C'est fait, ce coup-ci, Nioux, tu ne m'auras pas, je vais dormir. Échec total et humiliant, je dépasse la deuxième partie. Me voilà donc sans un ronflement (ne parlons pas de rêves), debout, vers la page 180, à pas loin de 6 heures du matin.
Résultat du match: Morand 100/sommeil 0.
Bonne journée à vous, sinon.
[Paul Morand, L'Homme pressé, "Imaginaire", Gallimuche]

Péhesse: remerciements spéciaux au camarade Smith-Garcia (on voit que malgré cette affaire somniaque je ne suis pas rancunière) pour m'avoir (re)donné goût à la littérature française. In memoriam Gibert [l]ivres.

Tenir salon à peu de frais

Un camarade (décidément, je ne me lasse pas de la polysémie du mot) me faisait remarquer tout à l'heure que ce blogue était désormais le dernier salon où l'on cause. Joli compliment bien que relevant d'une forme de basse flagornerie, irrésistible cependant car cette vocation salonarde est venue au dit blogue dès sa période "madrilène": nous étions alors déjà enchantées d'assister aux causeries virtuelles, et aurions volontiers proposé coquetelles, bons mots et petits-fours si l'écran ne nous en empêchait, le vilain. Les bons mots demeurent envisageables. Enfin je pense que le jour où je disposerai d'un 150 mètres carrés avec toit terrasse dans une rue agréable au nom joli, coquetelles et petits-fours seront de la partie.
En attendant ces temps bénis, tenons salon à peu de frais.
Chers, discutez, empaillez-vous, causez et accordez-nous, je vous prie, la première et la dernière danse.
Allez, je m'en retourne à L'Homme pressé, plaisant facteur d'insomnie. Ce post n'était qu'une ruse pour retrouver le sommeil.
hahAHhaHahahahAhahahAhahaa (social and snobbish laugh)

jeudi, juin 14, 2007

Contemporains

Dîner en ville hier soir au cours duquel on en arrive, quelle drôle d'idée, à parler livres, ce qui ne revenait pas, malgré les postes respectifs des convives, à parler boulot. L'un, auteur d'une courte pièce de théâtre, rappelle une remarque branchouille qui lui avait été faite: "C'est bien mais franchement comment on peut encore écrire comme ça aujourd'hui?" L'hôtesse lit Les Trois Mousquetaires et a tout Bloy (bon, elle a travaillé chez "Bouquins") dans sa bibliothèque. Le premier, qui a voté pécéheffe, rebondit et nous parle de son pote d'extrême droite dont la bibliothèque n'est qu'AF. J'interviens sur Les Enfants tristes, l'hôtesse va le lire, tiens. Vallès. Un autre évoque Debord. On cherche des auteurs contemporains superconnus (français et hors noir) lisibles. Petit désaccord sur Houellebecq et Carrère (pas de style, mais si, mais non, mais si), rien de bien méchant. Parisis nous met finalement tous d'accord, et on en cite quelques autres souvent mentionnés ici. Le mot style revient toutes les trois secondes et donne bon goût au vin rouge. Et là, alors que nous étions si bien, quelqu'un nous apprend que Paviot, grand non-styliste dans le sens mécheux du terme ("puisque je n'ai pas le mot juste je métaphorise jusqu'à la nausée") est étudié à Sciences-Po cette année où un certain éditeur peut-être le plus audacieux de notre époque (HahAhahhaaHAaha) sévit comme prof de littérature. J'ai bien dit "prof de littérature". On se ressert très vite un verre de vin rouge puisqu'on a tout bu le précédent cul sec tellement on était argh traumatisés argh par l'information. Argh.
C'était le résumé un peu lapidaire d'une discussion dînatoire entre aimables convives qui se termina tragiquement.

4 août 2006

Petit post pour la Rubia qui n'arrive plus à accéder aux archives du blogue mais voulait se rappeler les vacances madrilènes si délicieuses et si étranges. Parce que c'est là que tout a commencé, après un déjeuner en juin place d'Italie et une certaine semaine asturienne. La veille (journée particulière), on m'avait tiré mon sac et vu nos tronches sur les photos, on s'en foutait déjà complètement. L'effet sangria, l'effet terrasse, l'effet moissonneuses.
Attention, pas de nostalgie de cette époque: depuis, tout a changé. En mieux.

Jourji ? (+ 13 + 10 + 1275 ames dès 2008 = 6000/mois + 150mCV)

Rebondissement sous la forme d'un message sur le répondeur de J aka J. Formidable? Catastrophique? Attendons, nous en avons désormais l'habitude; c'est même l'une des vertus de cette aventure: nous avons appris à attendre. Dans une certaine mesure.

Ursule, Ursule

Je passais l’après-midi dans le café de la gare, j’attendais mon train. Une jeune fille s’assoit en face de moi ; sur son cartable, je remarque son nom : Ursule. Elle commence à écrire ; elle remue fort la table. Par deux fois, elle m’envoie un coup de pied : je lève vers elle un regard compréhensif et plein de bonne humeur (je lisais la septième journée du Décaméron). Enfin, elle plie une feuille de brouillon jaune, elle met dessus un timbre et une adresse, elle l’agrafe. Au moment de partir, elle me dit : "J’adore recevoir des réponses. " Je la dévisage et pense lui demander : "Avez-vous mis au moins dans votre lettre ce qu’il faut de points-virgules ?" Mais elle était encore un peu jeune et j’ai laissé tomber.
Un peu plus tard, je suis bien installé et c’est l’heure du départ. Au dernier moment, arrive une bourgeoise convexe, l’âge du cuir et l’œil avide. Elle repère malheureusement qu’il y a une place libre à mes côtés. Elle vient hisser son bagage ; je l’aide du regard : elle a un pull-over émouvant et il lui reste de jolies jambes qui doivent mener quelque part. Dans la manœuvre, une étiquette me passe devant le nez : Ursule. Mais déjà la dame s’abat contre moi, un peu furieuse, immédiatement à l’attaque : "Je n’aurais jamais dû emprunter la valise de ma fille, et patati, et patata. "

Comment finit-on au bord d’une ligne de chemin de fer, dans un hôtel miteux, entre les bras d’une vieille garce désargentée : je vous pose la question. On devrait interdire aux femmes les longs tunnels et ne jamais voyager avec elles que munis de sparadrap et d’une paire de menottes. Et encore ai-je profité des remuements de la mère en pensant soigneusement à ceux dont j’avais privé la fille.

Alain Bonnand, "Ursule, Ursule", Martine résiste, Le Dilettante, 2003.

Kindred

J aka J remercie K aka V, l'amazone point conne grâce à qui je vais lire Je suis vivant et vous êtes mort et Falaises, après L'Homme pressé et Tirez sur la chanteuse.

À toi pour toujours

Ah qu'on se grise de cette géographie amicale, et l'on se prend à fredonner "J'ai la France entière..." Si je voyage jusqu'à Caen, j'aurai le gîte et le couvert, si le vent m'emmène à Toulon, quelqu'un sera là pour m'attendre (Anna Gavalda style), si mes pas me portent à Versailles, nous visiterons ensemble le chateau, je reviendrai à Montréal, dans un grand Boeing bleu de mer...
Août approche et je ne sais pas où prendre mes vacances. M'accompagneras-tu en Grèce? En Normandie? Nous avons tant d'amis normands, désormais...

HahHAhaHahahhAHaHahahaA (geographic laugh)

mercredi, juin 13, 2007

Harvest pride

Cinq petits motifs de fierté moissonnesque (informations de première main):
- F. a acheté et lu deux livres de Brautigan
- K. aka V. va se plonger dans Les Enfants tristes (ou est-ce Le Jeune Homme la mort et le temps?)
- J. aka A. a lu tout Will Self car il sait que ce n'est pas un écrivain mécheux
- D. est maintenant inconditionnel d'Amy Winehouse
- L. aka M. a regardé et adoré L'Île aux fleurs

HAhahAHhAHahAHahhHAhahAha (petting myself laugh)

Pour Ernesto Cardenal, prêtre et poète, moissonneur d'honneur

"Je me souviens, en 1978 à Managua, de Jean-Paul II refusant sa bénédiction au ministre de la culture sandiniste, le père Ernesto Cardenal, alors que la contra reagano-cléricalo-fasciste tentait de renverser la révolution nicaraguayenne."

Colonel Smith-Garcia, Mémoires, t.1., coll. "Grands témoins du monde d'avant", éd. MR, 2046.

N'ayez pas peur

Le salut amical du jour va à Caen et à Versailles, où l'on fréquente assidument les Moissonneuses (16 visites pour Caen hier!). C'est bon de savoir que l'on a des amis, qu'au bout du compte, nous ne finirons pas seuls — terrible menace qui naguère nous fut adressée.
Et si ce n'était que cela... Mais non! Car en plus, un certain nombre d'entre nous ont été gougueulisés, sous leur vrai nom ou leur nom de guerre, et cette gougueulisation a abouti aux... Moissonneuses! Joie mêlée d'effroi. Qui est-tu, pour si bien nous connaître? Es-tu un ami? Un vieux camarade? Un ennemi mortel? Pourquoi nous cherches-tu? Dis, pourquoi? Que veux-tu donc savoir?
Sinon, l'ENS, au lieu de glander devant ton écran, tu ferais mieux de bosser. Idem pour l'université de Savoie, M. Chambéry (solidarité contre le crétinisme alpin)! Ca vaut aussi pour Hachette et deux autres maisons d'édition.
Paris et Lille caracolent cependant toujours en tête, comme on dit dans mon PMU. Alors un petit effort Nantes, Courbevoie, Vélizy, Toulon, vous pouvez y arriver.
Courage.
Ensemble, tout devient possible.

Contre la mort, le mortifère, la mortification

"L'humanité n'a pas le choix. Devant la somme de misères auxquelles ont abouti les derniers siècles de christianisme dans son divorce avec la réalité sociale et humaine, les hommes ne veulent que vouloir vivre, en rejetant cet enseignement de malheur, ou périr en restant accroché à leur pessimisme destructeur.
L'exemple de Thérèse, qui m'a servi de témoignage du drame affectif contemporain, est caractéristique à cet égard. Nous y avons vu la doctrine catholique l'entraîner sans rémission vers la mort."

Pierre Mabille, Thérèse de Lisieux, 1937, CORTI; réédition ALLIA 1996.

No, no, no

Amy Winehouse n'est pas une pouffe. Amy Winehouse est un contre-pouvoir qui emmerde royalement l'industrie du disque, un antidote aux mollasses jazzeuses norah-jonesiennes et aux joggueurs sarqeausistes qui hurlent leur santé hystérique. Amy résiste aux tyrans hygiénistes pleins de bonnes intentions (lui faire assurer ses tournées), refuse la rehab et crache à la gueule des bonnes intentions.
En outre, elle chante divinement et sauvagement.
Amy est grande.

Je sais : rabats-joie ! Toi-même !

Stop !!!!!!!!!!!!!!!!!
je ne veux plus de posts sur Sainte Thérèse, ni de parodie de prière sur je ne sais quelle pouf (excusez-moi les mecs), ni de critique insultante sur la religion. sinon je fais une prise d'otage du blog, si, si, j'en ai le pouvoir et adieu les Lénine, les Chavez, les raclures de bidet en tout genre.
Je fais mon tyran mais franchement, vous allez trop loin !
Pas de pathos, juste de la susceptibilité très bien placée qui me caractérise.
A bon entendeur, salut.
et en toute amitié bien sûr.

Nouvelles (codées) du front

Des posts en rafale ces derniers temps mais rien sur notre chère MR, qui pourtant, bonne fille, fait son chemin. Oui, il y a eu quelques péripéties d'ordre administratif qui n'ont pas été fendardes, et dont nous avons préféré vous faire grâce. Cependant depuis lundi, on peut considérer que la machine est lancée. Et peut-être même, la semaine prochaine, pourrons-nous enfin (fingers crossed) annoncer officiellement cette fameuse bonne nouvelle qui donnera lieu à des réjouissances orgiaques dans la foulée, un mercredi soir par exemple. Camarades, collègues et néanmoins amis, le Drappier est au frais!

NB: comme d'habitude, si vous voulez en savoir plus, merci d'adresser vos questions par mèle à la moissonneuse en photo ci-contre qui se fera un plaisir d'y répondre.

Écrivain de combat

Il a souvent été question dans des koms récents, ici ou ailleurs, du camarade Jérôme Leroy. À faire oublier (ou ignorer pour les quelques innocents qui restent) que le garçon est aussi et surtout un écrivain, et un bon s'il vous plaît.
Pourquoi on en reparle? Les faits. Nicolas Sarqueausi a été élu président de la République française, hélas pour elle, hélas pour nous. Nicolas Sarsquausi est un personnage archétypique et revendiqué de la France d'après. Donc les thèmes de Leroy — pour ceux qui ne le savent pas, destruction du monde d'avant, du monde tout court par le libéralisme délirant, paysages très noirs de celui d'après, de maintenant, et portraits d'ordures et de résistants. Pardon pour ce résumé forcément caricatural — n'ont jamais mieux collé à cette vilaine époque cryptolibérale du règne néocons (soyons dickiens: ou réciproquement).
Pour avoir lu l'un de ses derniers textes, drôle et tragique (ballardo-brownien), avec en maître d'oeuvre d'une fin du monde crétine notre sinistre pantin ivre mort au G8 (périphrase nocturne), j'ajouterai qu'il est un auteur de combat, avec un style précis, efficace et discret comme un drone.
Que le drone ne se taise pas, que le drone écrive, qu'il poursuive plus avant dans cette voie, parce qu'il saura explorer le ridicule et puant trou du cul présidentiel et lui faire très, très mal.
J'ai beau être trentenaire je ne pense pas avoir été contaminée ni pucée par l'époque. Il me reste, comme à Leroy, cette chère image du monde et de la France contre laquelle un nain priapique et cocaïné ne pourra jamais rien.
Et lire aujourd'hui L'Orange de Malte ou le Cimetière des plaisirs (qui le rééditera?) participe de ce patriotisme qui n'est pas nationalisme. Ah oui, c'est un plaisir, aussi.
Pour, plus directement, le combat, lire le dernier, Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines (1001 nuits, 2007), Rêves de cristal (1001 nuits, 2006), Le Cadavre du jeune homme dans les fleurs rouges (Le Rocher), Big Sister (1001 nuits), of course (BO sur demande), et puis tous les autres, auxquels je m'attaque après L'Homme pressé.
(On trouvera aussi des nouvelles dans divers recueils récents, dont Noir Roussillon [Mare Nostrum] et bientôt une excellente Grande Môme, dans la collection "Rat noir", chez Syros. Pas seulement pour les ados.)

[NdB: post rédigé à 3h et quelques du matin, soyez indulgents]

Le camarade Brejnev s'adresse aux Moissonneuses :

"Gardez confiance, le PCF peut encore sauver son groupe à l'Assemblée Nationale!"

Nous ne trahirons pas ta confiance, camarade Leonid, le 17 juin, partout où c'est possible, un seul vote, le vote communiste.

Ces KTO humanistes, des figures trop oubliées

A l'usage des jeunes générations, il est intéressant de présenter la figure de Monseigneur Mayol de Lupé, humanistre chrétien et accessoirement aumônier de la Légion Charlemagne, partie combattre le bolchévisme pour sauver le Reich.
En 1944, notre homme participe à plusieurs meetings, où il prend la parole à la suite du général Puaud et de Jacques Doriot. Au vélodrome d'hiver, le 21 avril 1944, parlant des volontaires français en U.R.S.S, il déclare à la tribune : "C'est un beau mystère, une chanson de geste, qu'écrivent nos gars à la pointe de leur baïonnette".

Lorsque la 33. Grenadier-Division der Waffen-SS "Charlemagne", composée pour partie d'anciens de la L.V.F, est constituée, Mayol de Lupé décide de rester et de jouer son rôle d'aumônier général. Il part pour le camp de Wildflecken où la division est instruite. Trop âgé pour suivre les SS Français engagés en Poméranie, l'ecclésiastique reste en Allemagne. Il s'installe à Munich attendant la fin de la guerre. En 1945, il est arrêtépar les Américains à la demande des autorités françaises.

Remis aux gendarmes, il rentre en France pour être enfermé à la prison de Fresnes où il côtoie quelques uns de ses anciens camarades de la L.V.F ou de la Charlemagne. C'est un homme brisé et malade qui se présente devant le tribunal. Il est accusé entre autres de collaboration notoire et de port de décorations ennemies. Le verdict tombe : 15 années de réclusion, confiscation de tous ses biens et dégradation nationale. En mai 1951, Jean Mayol de Lupé bénéficie d'une mesure de grâce et est remis en liberté conditionnelle.

Ce bénisseur de SS n'a , à notre connaissance, jamais été excommunié contrairement aux théologiens de la libération qui se sont fait trouer la peau en luttant contre les dictatures latino-américaines.

Yeah

Notre Amy qui est dans les charts,
que ton nom d'alcoolique soit sanctifié,
que ton règne soul arrive,
que ta volonté soit faite à notre table et dans nos pieux,
donne nous aujourd'hui notre coke quotidienne,
ne nous pardonne rien car nous sommes impardonnables, soumets nous à toutes les tentations et délivre nous des tyrans du Bien,
Délivre nous de tout Bien, Amy car c'est à toi qu'appartiennent le groove, la puissance et la défonce pour les siècles des siècles
Yeah

mardi, juin 12, 2007

J-8 + 4 ou 5 + 10 (environ) + 3 s. 08 (A) 13 +150 CV = 1275 ames

Pour les Moissoneuses, la comptabilité est un sport de combat, pour les cloportes aussi apparemment qui se fendent de 101 koms (record battu) sur un post.
Au passage, nous saluons l'ouest (moi aussi j'adore la Normandie), Caen, Rouen, l'ouest parisien aussi, Versailles, et puis le sud un peu (salut Toulon!), où notre audience connaît une nette embellie.
Hello Hachette, comment allez-vous, camarades?
¿Que tal Courbevoie, Orléans, Chambéry, Montréal?
Rien de mieux à faire, l'ENS?
HAhahahAHHAhahaAhaHAhaHaha (orwellian laugh)

lundi, juin 11, 2007

Environ J-9 + 5 ou 6 (maximum), pop. 1280 dès 2008 = 3000/mois (minimum)

Il est vrai que l'arithmétique moissonnesque devient un peu complexe. De l'intérieur, nous-mêmes avons parfois quelque difficulté à suivre. Mais la gymnastique du fingers crossed semble porter ses fruits. Va porter ses fruits. Porte déjà ses fruits.
Car nous avançons fièrement sur le chemin vert de la moisson (en écrasant en passant quelques cloportes).
LMRV!

Pourquoi il ne faut boire que du vin naturel

Merci

Un anonyme bien intentionné nous informe: "Putain, quelle vie trépidante et passionnante. ça vaut vraiment le coup d'en tenir le blogue."
J'ai donc écrasé d'un clic le dernier épisode de mes amours kiosquières. Voilà. Adieu.
HahHAhaHAhaHAHahAhaHAhahAahHAhaHa (14th degree laugh)

Pour les siècles des siècles

Besoin d'explications ?

"J'aime compter les heures de la nuit: si je dors, on me vole mes chères heures. Le sommeil est injustifiable."

[Paul Morand, L'Homme pressé, L'imaginaire Gallimard, Gibert [l]ivres]

Deux jours de vacances ?

dimanche, juin 10, 2007

Murmures

Soir d'élection: après les pleins pouvoirs économiques et médiatiques, le nain priapique risque d'obtenir les pleins pouvoirs politiques. Marx, sauve-nous, nous sommes dans un pays de drouate kto dans la teuci.
Oublions. J'ai fini Intérieur nord, mon premier Malte, et le livre vaut bien un troisième post. On y entend la voix discrète, intime, mélancolique, de quatre hommes face à la solitude absolue. Pas de pathos ici, surtout pas, mais une vraie tristesse douce et thompsonienne (la quatrième de couv cite aussi Crews, bien vu la quatrième de couv) pour raconter des histoires qui se termineront mal, inéluctablement, de façon subtilement tragique et pudique.
Fin du post ou je me lâche sur les adjectifs et les adverbes, ça n'ira pas au livre.

[Marcus Malte, Intérieur nord, Zulma]

L'une rit quand on la baise et l'autre pas

Thérèse philosophe:
"Le bon père la plaça en effet dans une attitude humiliante, à la vérité, mais aussi la plus commode à ses desseins. Jamais on ne m'a présenté plus beau: ses fesses étaient entr'ouvertes, et on découvrait en entier la double route des plaisirs." Boyer D'argens




Thérèse de Lisieux:

"Aux yeux des chrétiens, cette fille est symbole de purteté et d'amour; aux miens et à tous ceux des hommes qui veulent réfléchir, elle schématise l'ensemble des dégâts que peut provoquer dans l'organisme affaibli d'une jeune fille l'action cléricale conjointe à la férocité bourgeoise." Pierre Mabille, Thérèse de Lisieux (Allia; 1996)

Plage sept

Malte, suite

Si mon enfant tu sors ce soir
Prends ton manteau dans le couloir
Et prends mon amour pour escorte
Car il se peut que cette porte
Derrière laquelle ton pas décroît
Ne soit pas celle que tu crois.

"Tous les jours de la semaine je passe devant l'agence bancaire du Crédit Lyonnais, à l'angle de la rue Kléber et du boulevard Magenta. C'est ici que mon fils a été tué." (Marcus Malte, "Jardinier", in Intérieur nord)

On m'a offert ce bouquin il y a bien deux Noël de cela. Je me méfie comme de la peste des polars qu'on m'offre pour Noël. Dites que vous aimez la Bd, vous aurez un Astérix, dites que vous aimez le polar, vous aurez Marie Higuinse Clarque. Dites plutôt que vous aimez les Marlboro légères 100's, les Crossfire, un nouveau canapé ou l'argent, selon.
Marcus Malte, Intérieur nord, cadeau de Noël 2005 (le copyright confirme). Après "Musher", le "Jardinier". Un fils de dix-neuf ans assassiné pour les 200 balles que sa copine tirait au distributeur du Crédit Lyonnais, à l'angle de la rue Kléber et du boulevard Magenta. La nouvelle s'écoule, une dizaine de pages très calmes, très tristes, un deuil très familier, le jeune homme est mort, on confond vaguement ses histoires d'enfance avec celles son frère, quant a-t-il appris à lire? la copine se retrouve un copain, la mère va mal, le père roule, aime bien conduire, il avale les kilomètres la nuit. Il jardine, il jardine.

(Marcus Malte, Intérieur nord, Zulma, 2005 ; style vif mais doux, très pur et extrêmement élégant. Gracieux.)

Péhesse: tous mes remerciements, pour Malte, vont à celui qui m'a envoyé quelques mots sur un autre livre de lui.

Avant la vague rouge...

Je bois mon dernier Coca-Cola.

Being red

Howard Fast (un peu trop littéraire pour le CULPET), écrivain blacklisté, auteur des merveilleux Sylvia, L'Ange déchu, Mémoires d'un rouge et Un homme brisé (non exhaustif) soutient lui aussi notre pays meurtri.
Avec Howard Fast VOTEZ PCF DIMANCHE.

samedi, juin 09, 2007

Lecture sur un temps edwoodien

Jour/nuit, mes bioryhtmes comme une poursuite de Plan 9 From Outer Space. Lisons alors. En l'occurrence, lisons Intérieur nord, de Marcus Malte (Zulma). Encore un Français, que m'arrive-t-il? Heureusement que mes Quatre Petits Monstres se sont interposés (lisez McBain!).
Les premières pages sont Les Saisons, les cavaliers sous la neige qui marchent, s'affaissent et ne se relèvent pas. Puis la première nouvelle, des chiens, un "couple", un hôtelier musher et un immense intérieur blanc. La jeune femme, l'homme, la mort, la maladie, le blanc. Et l'homme aux chiens, le musher seul raconte un polar qui n'en est pas un, et parle à une jeune femme perdue.
Maintenant, je suis dans la deuxième nouvelle.
Une deuxième voix en deuil. Plus que deux, ensuite. Et d'autres livres. Excellents, m'a-t-on dit.

[Marcus Malte, Intérieur nord, Zulma]

Litanie pour une moisson

Nimier, McBain, Leroy, Manchette, Malte, Brown, Morand, Parisis, McBain, ADG, Leroy, Self, Bloch, Muray, Matheson, Self, Matheson, Lehane, Bloch, Brown, Leroy, McBain, Vernant, Welstlake, Thompson, Harris, Villard, Harvey, Woodrell, Sallis, Brautigan, Grubb, Aragon, Bruen, ADG, Fast, Thompson, Fajardie, Burke, Dorsey, Michaux, Palahnuik, d'autres.
Et maintenant, sous le haut-patronnage des quelques auteurs que nous avons (re)lus et aimés récemment, concentrons-nous et récitons un mantra: malgré les malgrés, LA MR VAINCRA.
Il faut y croire (sinon je me THU).
Lexomil vaincra aussi.
Et sommeil.
Et PCF.

POURQUOI IL FAUT VOTER COMMUNISTE DIMANCHE

La jeune fille avec un voile a toujours voté pour l'ordre marchand bien content de masquer sa pourriture idéologique derrière la naîveté mystique de ce pur produit de l'abrutissement clerical.

La jeune femme nue, tout simplement, est une amie qui votre communiste, lit Nimier et boit du bandol La Tour du Bon

Camarade, on a toujours le choix

Dimanche, pas d'erreur, vote communiste, vote Kim.

L'autre monsieur, un certain Balaguer serait le fondateur de l'opus dei, association de bienfaiteurs née avec la bénédiction du caudillo de toutes les Espagnes, Francisco Franco. Jean-Paul Deux a béatifié a canonisé Balaguer. Nous, le seul canon que nous reconnaissons, c'est Kim Basinger, authentique marxiste léniniste comme le prouve sa résistance sexuelle au capitalisme financier dans Neuf semaines et demie.

Dimanche

Dimanche, allons voter communiste, buvons un Quincy nature sur un carpaccio de Saint-Jacques, puis détendons nous en attentant les résultats...

Je vote marxiste-léniniste, et toi ?

LE COMMUNISME, C'EST COMME SI TOUT RECOMMENCAIT

Dès dimanche, toi aussi, en votant communiste évite la misère sexuelle des religions nazaréennes

Exclusivité : premières tendances législatives

D'après les premières tendances, voici à quoi ressemblerait la nouvelle Assemblée nationale...










Quant au gouvernement, en voici la probable composition:

Au cloporte inconnu

Bien peu cher cloporte,

tu borborygmes ici depuis quelques jours; tu balances des noms (non, ils ne sont pas honteux mais ta méthode l'est); tu ignores que des filles peuvent, sans mentor ni pygmalion, te pisser à la raie; tu divises pour mieux régner sur un dérisoire royame bloguesque en dézinguant sans scrupule certaines amitiés (c'est tout à fait chrétien de ta part); tu t'accapares l'insulte en oubliant que l'extrême droite n'en a pas l'apanage, en vertu de quoi je me permets de te traiter de minuscule raclure de bidet si tu vois ce que je veux dire. Pour finir, petit rat putassier, fond de poubelle vychiste, je t'emmerde.

Mademoiselle.

vendredi, juin 08, 2007

Les femmes aussi

Avec JENNY MARX, les femmes appellent, dimanche prochain, à VOTER PCF.
Contre la kouyemollisation et le cambriolage sarqueausiste du pays VOTEZ TOUS PCF.

Pour que reviennent les jours heureux

DIMANCHE, VOTEZ TOUS PCF

Aux usurpateurs

Usurpateur tête de noeud, ton idée du rapport homme-femme prouve bien ta pourriture misogyne de scout tantouze (pléonasme). Une Moissonneuse pense ce qu'elle veut, quand elle veut. Elle n'a pas besoin de mentor ni de pygmalion (regarde dans un dictionnaire, petite salope anonyme, ça te changera). Elle entretient avec les hommes une relation égalitaire qui n'est pas franchement prévue par ton vilain dieu du désert.
Va mourir, tête de cul.

colonel ASG

jeudi, juin 07, 2007

L'HOMME QUI VALAIT TROIS MILLIARDS DE POSTS

Karl Marx nous écrit (3) sur Sarequeausi, Lagardairre, Noël Forgeard et compagnie

"Il fut acclamé dans le monde entier comme le sauveur de la société. Sous sa domination, la société bourgeoise libérée de tous soucis politiques atteignit un développement dont elle n'avait elle-même jamais eu idée. Son industrie et son commerce atteignirent des proportions colossales; l'escroquerie financière célébra des orgies cosmopolites; la misère des masses faisait un contraste criant avec l'étalage éhonté d'un luxe somptueux, dissolu et crapuleux. Le pouvoir d'Etat qui semblait planer bien haut au-dessus de la
société, était cependant lui-même le plus grand scandale de cette société et en même temps le foyer de toutes ses corruptions."

La guerre civile en France, 1871(disponible en Mille et une nuits pour la modique somme de trois unités de monnaie d'occupation néolibérale-européiste)

C'est de la censure

Mettre 3 milliards de posts pour faire oublier les miens, c'est de la censure !!! Je te reconnais bien là : finaude, maligne et malhonnête. C'est la guerre !

Humeur selfienne


Je ne me sens pas concerné par l'immortalité personnelle — c'est le déchet de l'opium du peuple. Je n'ai pas de temps à perdre avec la conception d'humains nés dans le péché, implorant la rédemption à grands cris. Si l'Apocalypse éveille en moi un sentiment, alors que nous sommes au seuil d'un nouveau millénaire, à attendre des heures et des heures de rétrospectives télévisées, c'est un sentiment de terreur superstitieuse, "Vois mes oeuvres, ô Tout-Puissant, et afflige-toi". Penser que ce texte antique a survécu pour être le fondement même d'un cauchemar psychotique moderne. (Extrait de la préface à l'Apocalypse par Will Self, Le Serpent à plumes et Mille et une nuits)

Encore une !

Marilyn, elle est insomniaque aussi, malgré l'imovane aussi.

Décidément

Même Amy Winehouse, elle est fatiguée, alors qu'elle prend plein de cocaïne et qu'elle annule des concerts.

En même temps

À un moment les guerrières sont fatiguées.

Rappel en perfusion

En page 33, le numéro de taiknikarte du mois de juin nous présente la nouvelle gauche française. Elle est jeune (34 ans), elle a une "mèche rebelle", elle est "l'éditeur le plus audacieux de son époque" car elle a publié Failleza Gaine: grâce à taiknikarte, nous savons qu'à l'avenir la gauche sera mécheuse ou ne sera pas.
Marx, reviens, ils sont de plus en plus fous!

Piqûre de rappel

Karl Marx nous écrit à propos de Sarequeausi, avant le 1er tour des législatives de dimanche:

"Avec la vanité suffisante d'un Tom Pouce parlementaire, admis à jouer le rôle de Tamerlan, il refusa aux rebelles à Sa Petitesse toutes garanties de la guerre entre civilisés et jusqu'au droit de neutralité pour les ambulances. Rien de plus horrible que ce singe, déjà pressenti par Voltaire, autorisé pour un moment à donner libre cours à ses instincts de tigre."

La Guerre civile en France (1871, réédition 1001 nuits 2007)

Hypnagogique

Record probablement battu: ceci est le dixième post du jour (je crois mais faut pas me faire confiance, j'ai pas vraiment les yeux en face des trous aujourd'hui, v. l'heure d'envoi des dits posts).
Bref. Aujourd'hui, sur les bon conseils d'un camarade que je ne nommerai pas sinon on va croire qu'il est habitué à ce genre de lectures, j'ai acheté Technikart, chose que je fais parfois lorsque je prends le train, l'avion, le métro défouah ou le bus... enfin passons c'est pas ton problème qu'est-ce que t'as à critiquer tout le temps et à juger les gens et tout... Donc voilà, je suis allée chez mon dealer habituel et j'ai acheté Technikart parce que dedans, m'avait dit mon informateur (salut et merci à toi, camarade), il y avait un article de Virginie Despentes sur Amy C[h]aviste. Et hop, je fais d'une pierre deux coup: je lis mon premier Virginie Despentes et j'en apprends plus sur la meilleure chanteuse du XXIe siècle. Et attention, là je fais en plus un truc qui ne se produit pas souvent, je dis (en gras): acheteztechnikart. Ouais, comme ça, sans précautions oratoires ni rien. Allez, encore un juste pour le plaisir: acheteztechnikart. (On ne s'en lasse pas.) acheteztechnikart. (Séjainial!) Comme ça 1) je peux dire sans vergogne acheteztechnikart, 2) j'ai pas besoin de résumer l'article ce qui m'arrange vu que non, non, non, j'ai pas dormi.
Amy, tu es une Moissonneuse.
Amy, moi non plus je ne veux pas aller en rehab.
Amy, je t'aime.

Sinon, pour ceux que ça intéresse, j'ai fini Quatre Petits Monstres qui est un excellent McBain, serais-je pléonastique? Un peu, et j'aime la mauvaise foi qu'autorise cet état hypnagogique. La boucle est bouclée. Comme les cheveux d'Amy.






C'est indéniable :


On notera au passage que Jacques Dutronc a un peu la coupe de cheveux de Joe Dassin (et un peu la mienne aussi d'ailleurs).

Premiers sur le rap



Ma France à moi, comme dirait l’autre, boit (entre autres) du Beaujolais (et aussi de la bière), n’en déplaise à Diam’s, et ne vit pas "à l'heure américaine, KFC, MTV Base Foot Locker, Mac Do et 50 Cent".
Elle ne veut pas non plus « en finir avec la repentance, qui est une forme de haine de soi ». Ma France à moi, elle n’était pas place de la Concorde le 6 mai, elle était ce soir au Trabendo, pas pour "kiffer la vibe, han han", mais pour écouter la Rumeur.

Les enfoirés

Les insolents en gourmette

Le général Kléber avertit charitablement les kouyemolles, les sarkozystes et les ensoutanés:

"A de pareilles insolences, on ne répond que par des victoires."

Turreau, je t'aime

"Il sera envoyé en Vendée des matières combustibles de toutes sortes pour incendier les bois, les taillis et les genêts. Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles anéantis, les récoltes coupées et les bestiaux saisis. La race rebelle sera exterminée, la Vendée détruite."

La Convention

La République, comme un orgasme infini

Contre les chasublards et les ensoutanés, Marianne jouit pour l'éternité.

Interlude

TURREAU, REVIENS FINIR LE BOULOT

Turreau, dur mais juste

"Sous les quinze jours, il n’existera plus en Vendée ni maisons, ni arbres, ni vivres, ni habitants ."

C'est Turreau qu'il nous faut!

mercredi, juin 06, 2007

Robespierre, ou l'antikouyemollisme

"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs."

Trinquons !

Aaaaaaahhhhhh, je suis sou-la-gée, vous n'imaginez pas...
Le docktheurre èms avait cru qu'on avait noyé souris sodomite dans une flaque tiédasse.
Les Moissonneuses avaient cru que la Rubia avait été kidnappée par un pape ou un journaliste.
Mais NON, ces deux personnages (ces deux personnes) phares de ce blogue sont de RETOUR. Alélouilla, ils sont à nouveau parmi nous!
Le docktheurre èms se joint à moi pour vous dire: "ouèlkaume baque camarades."
Vouala, sé tou.

(Une petite crise, comme ça, de temps à autre, est essentielle à l'équilibre mental d'une moissonneuse. Merci de votre patience)

Red Harvest

Une photo de l'excellent général Turreau dont les colonnes infernales massacrèrent pendant la révolution française la réaction vendéenne composée essentiellement de paysans abrutis, d'aristocrates consanguins, de curés sodomites et de bonnes soeurs hystériques.
Honneur au général Turreau
Des rues Turreau partout!
C'est Turreau qu'il nous faut!

Un peu d'humour et de professionnalisme


Bon étant attachée de presse pour une certaine maison (je ne dis pas où car après on me retrouve sur google), je me dois quand même de vous faire part d'un certain livre dont je fais la promotion et qui équilibrera un peu les opinions de gauche de ce blog. Non mais faut pas pousser !
Ce livre explique pourquoi la gauche a perdu les élections face à l'extraordinairissime Sarkozy et raconte que Ségolène Royal est, en fait, une sale peau de vache.
Lisez-le ou plutôt achetez-le, ça fera plaisir à mon patron et donc, par effet boule de neige, à moi.
Et oui, c'est ça le partage d'un blog, on assume et on encaisse.

Question


Suis-je anthropophage ? En cliquant sur le défouloir des moissonneuses, j'ai vu une pub qui m'énerve prodigieusement et j'ai eu envie de manger un smiley ! Est-ce du cannibalisme ?

Partons !

Envie du jour (et idée de cadeau)

Un petit grain de folie




Une croix à l'endroit au concert de Marilyn Manson ! Malgré les jérémiades de mon accompagnateur anti-clérical et pourtant charmant, je l'ai gardée, au creux d'un décolleté plus que plongeant. Entourée de gothiques et de pseudo-satanistes, ça faisait son effet, je vous le garantis.


Bref, c'était marrant d'être là-bas, surtout après avoir regardé un flash info sur certains chrétiens de Toulon qui manifestaient devant la salle du concert en traitant le chanteur de suppot de satan (C'est lui donner beaucoup de crédit !). Et moi, jeune catholique qui supporte peu la dérision sur ma religion, j'avoue que là, je me suis dit qu'ils manquaient sacrément d'humour. Manson est juste un comique et un malin (pas LE Malin, rassurez-vous) il joue juste sur un second degré provocateur qui me fait rire. On comprend bien ce qu'on veut des paroles de ses chansons et les fans peuvent être parfois stupides, mais c'est la musique plus que les messages qu'ils écoutent. On apprécie ou pas d'écouter un mec (En est-ce un ?) qui hurle dans un micro et je vous sens sceptiques sur ce point...


Quoiqu'il en soit, le public était sûrement une bande de dégénérés qui avaient pour seul point commun d'avoir bu une quantité assez conséquente d'alcool mais sinon il était vraiment hétéroclite : moi qui avais une boule au ventre à l'idée de me retrouver avec des centaines de cachets d'aspirine vêtus de rouge et noir, j'ai été rassurée : c'était du grand n'importe quoi mais du n'importe quoi raisonnable et coloré.

Bref, le concert soit dit en passant n'était pas fameux mais vraiment ça fait du bien de changer d'air .

Mercredi

Oui, parce qu'en fait à un moment, ce qu'il faut, quand même, c'est penser à prendre des vacances, si je puis me permettre.

Aujourd'hui, mercredi 6 juin, je suis officiellement fatiguée.

It's Groundhog Day... again

Il y a quelques jours (tout se passe il y a quelques jours on dirait, ce qui colle bien avec le sujet, en fait), un camarade et moi reparlions d'Un jour sans fin, aka "Groundhog Day" in English. Ces gros enfoirés (pardon) de vendeurs de dévédés savent bien que ce film est culte. Harold Ramis, 1993, Bill Murray et Andy McDowell. Donc ils le vendent à un prix prohibitif et moi bonne poire, j'achète (deux claques).
L'histoire: Phil, un imbuvable présentateur météo, parti furax chroniquer le "jour de la marmotte" dans un bled pourri de Pennsylvanie, se retrouve coincé dans une boucle spatio-temporelle, forcé de revivre cette journée calamiteuse où une saleté de bestiole (la marmotte en question, prénommée Phil elle aussi) prédit, devant un parterre d'abrutis amérikin, le temps qu'il fera pour la saison (laquelle, j'ai oublié on s'en fout). Il en profite pour séduire la productrice de l'émission.
Malgré ma mauvaise foi qui est aussi immense que mon amour pour ce film, j'avoue qu'il y a deux, trois longueurs, des moments romantico-gluants, mais dans l'ensemble, c'est un bonheur. Bill Murray clope, bouffe trop, piaule, déprime, apprend le piano, cogne, drague, braque un fourgon blindé, et rien que pour ça, Un jour sans fin est formidable.

[ci-dessous, la bande-annonce du film]

Mise au poing

Chers nouveaux venus et les autres (notez qu'avec une petite centaine de visites par jour il n'y a pas de quoi hurler de succès naxiote, mais bon),
sachez bien où vous mettez les pieds. Ici c'est les Moissonneuses, une bande de raconteurs de bobards qui ne mentent jamais, de freudo-lacano-marxo-chavistes (l'avenir), de fatal(e)s et de stylé(e)s en diable, de dériveurs, Grecs anciens, buveurs, bosseurs, hangouassés, amoureux, égocentriques, benzoïsés, insomniaques, heureux, adorables, désagréables, sexys, inspirés, stériles, des être humains dotés d'un télé-encéphale hautement développé, d'un pouce préhenseur et de peu d'argent.
Welcome home or go home.

[en illustration, Danae, parce qu'il faut lire Ovide]

mardi, juin 05, 2007

Drame

Oh mon Dieu cher blogue, il est arrivé une chose affreuse! L'homme (enfin l'un des hommes) de ma vie est tombé sur ces... billets que j'écrivais à propos de... je n'ose plus dire son nom (d'ailleurs je ne le connais pas)... je suis paralysée... à propos de ce K. qui me... qui... qui m'intéresse, voilà le mot, il m'intéresse, c'est tout. Il a tout lu! Il m'a même traitée de (je ne peux pas) s-c--se de ki-sq---r. Si. Et moi qui pensais qu'il ne savait même pas se servir du ouèbe! Suis-je crédule! À moins que... quelqu'un qui sait lui aurait-il tout raconté? Quelqu'un qui lit ce blogue? Ce qui signifierait que...

Oui, ce qui signifierait que je deviens folle et paranoïaque, or je veux bien admettre que c'est un peu le cas ces temps-ci. Attention, je n'ai pas dit brute paranoïaque, bien au contraire, plutôt douce paranoïaque en colère. Mais cela est un autre sujet, ne nous dispersons pas. Aux histoires de kiosquier je dis adios Shéhérazade pour le moment. Au reste, on verra. Vivement le retour des Moissonneuses vintage, mesdemoiselles, si vous voyez ce que je veux dire.

Oops! I did it again...

Hier, avec la Rubia catolica, devant notre pikilia, on parlait de choses et d'autres, de trucs de filles qui vous regardent pas, quoi, et là, j'ai repensé à lui. Comme un flash. Bon Dieu mais pourquoi l'ai-je plaqué? Qu'ai-je fait? Quel crime ai-je donc... Je suis rentrée, me suis allongée sur mes draps blancs, j'ai pris un bouquin: impossible. Et pourtant McBain... Mais non, impossible de lire, de me concentrer sur les aventures des gars du 87e, de Genero qui enfin devient adulte, de Hawes sur son affaire de mec découpé en morceaux, de Meyer Meyer et ses nains tueurs: me revenait toujours, comme un écran psychique, lui, lui, lui et rien d'autre.
Ce matin je me suis levée de bonne heure et j'ai sorti le chien après mon bain (il fallait que je sois belle; par ailleurs je souhaiterais un jour parler de la zoophilie ordinaire des hommes d'âge moyen en milieu urbain). D'abord, passage rituel au tabac, manière en outre de me donner une contenance quand j'arriverai (parfois je me dis que j'en ai assez d'être aussi obsessionnelle). Clope au bec, cabot en laisse et lunettes noires, j'approche. "Bonjour!" Il a l'air content de me voir. Je crois qu'il ne m'en veut pas. "Bonjour! Juste Libé..." Sourire. "Et... Marianne..." Son sourire s'élargit. Je ne trouve pas Marianne, mais il me guide de la voix, et c'est comme si ses mains étaient sur mes épaules. Je frémis et finis par trouver. Un peu gênée je paye, timidement, et n'ose pas pousser plus loin. Je rentre.
À demain mon amour.

Rectificatif des censeurs

Madame, Mademoiselle, Monsieur, étant donné l'immense charge de travail provoquée par des borborygmes malveillants qui n'en valent pas tant (L'Oréal a parlé), nous avons finalement décidé de laisser tomber la censure parce que bon, voilà, le boulot, la vie, la flemme, le mépris, tout ça...

Antidote au venin des cloportes

Pour Souris S., R.I.P.

Il y a quelques jours déjà (Dieu que le temps passe vite ékelavisékoule), "nous", car ENSEMBLE, TOUT DEVIENT POSSIBLE, nous sommes comportés, pour résumer, en brutes paranoïaques persécutant très méchamment et systématiquement les gentils Ktos dans la teuci (je souligne à l'attention de Mlle Rubia qui, pour être catho, ne l'est nullement dans la teuci). Résultat de notre campagne de persécution: modération (le mot gentil pour censure, au passage rappelons que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, donc le terme "gentil" reviendra souvent, pardon d'avance, dommage de dévoyer un mot somme toute sympathique, mais c'est ainsi) à notre centre gauche, retour des insultes à notre extrême droite. Et appel à la couillemollisation générale parce que c'est gentil(TM) et pas blessant, surtout.

Pour résumer: une tête de con qui porte le nom d'un célèbre fromage pour gastronomes en culottes courtes et personnes hospitalisées (sommes-nous clairs?) est venu foutre le feu avec ses potes à coups de glueries (im)morales que n'oserait pas le concile de TF1 et piauler sur le sort affreux que nous serions censés réserver aux gentils(TM) ktos dans la teuci(TM) et à nos amis même que comment on dort la nuit après avoir été aussi méchants? Très bien merci.

En signe de protestation, nous proposons d'aller graver sur la tombe de notre chère Souris sodomite: "Couyemaule mha tuer" et de prier pour sa résurrection. Les Moissonneuses seront son paradis.

Péhesse: pardon, camarades visiteurs occasionnels, pour ce post qui vous paraîtra crypté en plus d'être bordélique, il s'adresse de fait aux habitués.

lundi, juin 04, 2007

Communiqué de la commission de censure des Moissonneuses

À partir de maintenant, nous censurerons tout borborygme ou monosyllabe émanant de cloporte aphasique. Nous avons conscience qu'il s'agit là d'une mesure de censure, procédé dont nous n'avons pas l'habitude puisque nous le condamnons fermement et sans réserve sauf concernant les télévisions venezuéliennes.
Voilà. Donc adios les ts, xbsu ou autres ktowbrl, compris?
En revanche, les commentaires flatteurs, les prises de rendez-vous, les insultes, les encouragements et les questions idiotes sont toujours les bienvenus. Évidemment.

La fin d'une liaison

En fait, je pense vraiment qu'entre mon kiosquier et moi c'est fini. Parce que je suis sûre qu'il sert le même petit numéro à la mémé à caniche qui vient acheter Le Point. Et au jeune cadre qui prend son Voici. Et à la minette dont l'abonnement à Glamour est terminé. Le salaud! Maintenant qu'est-ce que les gens vont penser de moi? Que j'ai cristallisé? Que je suis volage? Naïve? Que je papillonne? Grand Dieu mais vous me connaissez... Ce n'est... tellement pas... moi! Que faire maintenant? Revenir à ma vie d'avant? Plutôt crever!
J'hésite entre:
- me venger (comment?)
- me tuer (mais je n'ai pas vraiment très envie)
- le tuer (non, il ne mérite pas que j'aille en prison)
- le couvent (trop bavarde)
- partir très, très loin (avec quel argent?)
- me trouver un autre amoureux (mmm... laissez-moi réfléchir)
Comme dirait l'autre: qui m'aidera?

Rêve secret

Le Kiosquier :
Je ne savais pas que tu m'aimais
La Cliente :
En êtes vous certain désormais?
Le Kiosquier :
Il aura suffit d'un anneau d'or
La Cliente :
Il aura fallu qu'on nous jette un sort
Le Kiosquier et la Cliente :
Mais qu'allons nous faire de tant de bonheur
Le montrer ou bien le taire?

Le Kiosquier :
Tous deux nous ferons de notre vie
Ce que d'autres n'ont jamais su faire
La Cliente :
Nos amours resterons légendaires
Et nous vivrons longtemps après la vie
Le Kiosquier et la Cliente :
Mais qu'allons nous faire de tout cet amour
Le montrer ou bien le taire?

Le Kiosquier :
Nous ferons ce qui est interdit
La Cliente :
Nous irons ensemble à la buvette
Le Kiosquier :
Nous fumerons la pipe en cachette
La Cliente :
Nous nous gaverons de pâtisseries
Le Kiosquier et la Cliente :
Mais qu'allons nous faire de tous ces plaisirs?
Il y en a tant
sur Terre

Le Kiosquier et la Cliente :
Mais qu'allons nous faire de tous ces plaisirs?
Il y en a tant
sur Terre

Nous ferons bien sûr des tas d'enfants
Nous vivrons ensemble
Un conte de fées charmant

Polipoquettiquement correct

Cher CULPET,

c'est avec grand plaisir que je vois les résultats de ta campagne d'assainissement de la littérature (mais pas seulement) sur d'autres blogues que le nôtre. Tu as réussi, avec l'aide de certains ktos dans la teuci (mais qui viendrait te le reprocher, la Résistance, c'était cela aussi, l'alliance des contraires pour une juste cause), à nettoyer la blogosphère. Il est des lieux où désormais les voix contraires à Tes principes se tairont. Car après le polar éthique, voilà que naît sous nos yeux, et sans même recourir à des artifices tels que lunettes roses ou coercition, le blogue éthique! Ton entreprise de couillemollisation des blogues n'a pas été vaine! Champomy et Coca light pour tout le monde, et dansons sur Vincent Delerm!
Vive la République des bisounours, de Marc Lévy et de François Bayrou!

Mademoiselle

Dépit

Je n'arrive pas à trouver la chanson qui parle de Maukhassins, et pourtant j'ai une furieuse envie de faire sauter une ou deux chapelles intégristes. Aidez-moi.

Ouantide

Nous relayons ici l'appel urgent du camarade Smith-Garcia concernant "Les Mocassins" par Mino (1981).

Toute personne parvenant à donneloader cette admirable chanson lolitesque à une adresse qui sera communiquée par le bureau central de la MR se verra décorée par le président Chavez et recevra un permis lui permettant au choix:
1°D'interdire une chaine de télé abrutissante et américanophile
2°Faire exploser une ou deux chapelles intégristes
3°De voyager libremant entre ADG, Nimier, Marx, Aragon, Céline, Drieu, Vailland, Ellroy, Chardonne, Debord sans être arrêté par le CULPET

Ci-dessous, les paroles:

Dans ton p'tit coin
Tente d'indien
Où l'on se sent tellement bien
On a mangé un T-bone,
Du riz mexicain,
Dansé jusqu'au p'tit matin
Le soleil qui pointe
Au dodo les indiens

Tu m'as donné…plus
Une fleur de cactus… plus
Des tas de colliers
Et des bisous futés

Mes mocassins et les tiens
Tes mocassins et les miens
Devant la tente d'indien
Nos mocassins
Nos mocassins

Je pose ma joue
Sur ton torse musclé
Joue pas les grands manitous
Ton tomahawk
Est enterré
D'ailleurs t'es gentil comme tout
Je suis ta Squaw
Et toi mon grand Sachem

Les p'tits indiens… s'aiment
Ils sont heureux qu'elles… s'aiment
C'est pas demain la veille
Que s'couchera le soleil

Lundi !

Hier soir, je me suis couchée assez tard, avec Quatre Petits Monstres (adjectifs antéposés: je mets des capitales à tous les mots du titre), de l'excellent Ed McBain, dont j'ai lu 47 pages avant de sombrer en songeant à lui. Au fait qu'on était déjà lundi et que j'avais rendez-vous au café Les Cent Kilos avec un ami (juste un ami, promis), soit juste en face de son kiosque. Hélas la rue qu'occupe habituellement la terrasse était en travaux, une profonde tranchée au milieu. Et puis de toute façon il faisait gris, alors... Était-ce conscient? J'avais oublié de prendre mes Quatre Petits Monstres, moi qui trimballe toujours le livre du moment au fond de mon sac prune. Bref... peu importe finalement les motifs de cet acte manqué (hum hum), il me fallait de la lecture. Au cas où. Alors j'ai avancé vers lui. Il installait quelques journaux, il aménageait son intérieur (notre intérieur), en quelque sorte. Spectacle délectable. Je n'ai pas voulu déranger. J'ai juste dit: "Je prends juste Libé..." en tendant deux piécettes. Il a marmonné timidement quelque chose sur le chien, mais j'étais déjà partie. Je n'osais pas. Je n'osais pas. Et pourtant, maintenant, je sais que c'est lui.

[En illustration, Vanessa et Johnny, une image du bonheur.]

dimanche, juin 03, 2007

Juste pour toi

Cher CULPET,

c'est bien embêtée que je t'écris aujourd'hui. D'abord je n'ai pas eu le temps de rédiger ce mémoire que tu m'avais demandé sur Pars dans ton cul et reviens pas, de Fraide Vargasse. Pour une raison que j'ose à peine t'avouer, CULPET, mais à toi je ne mens jamais, tu le sens, tu le sais, je ne cesse de te le dire, alors voilà: j'ai fini le livre de Nimier. Oui, celui-là, celui pour lequel tu m'as tant blâmée... après Leroy... après ADG... et puis tous les autres, ceux que je t'ai tus... Brown, ce faucon, par exemple... Cet ordure, ce merveilleux novell... non, je n'ai rien dit.
Bon, CULPET, je ne sais pas trop quoi te dire... Je crois qu'il faut que j'aille me coucher car toi tu dors, j'imagine, alors je vais y aller aussi, avec un livre éthique, comme tu les aimes. En fait, j'hésite entre L'Homme pressé et Polipoquette contre l'OAS. Qu'en penses-tu? N'oublie pas de me répondre.
Allez, à demain mon coeur.

Mademoiselle

Activité dominicale : lecture au bain et post décousu

Ce post aurait pu s'intituler "De l'absence de relation entre l'amour que l'on porte à un livre et le temps que l'on met à le lire (sauf défouah)" ou encore "Comment j'ai grave kiffé Les Enfants tristes".
Donc j'aurais mis presque une semaine à lire Les Enfants tristes, quand la logique et l'enthousiasme auraient voulu qu'il ne me dure pas plus de deux jours. La vie est drôlement faite, n'est-ce pas, et des occupations, des préoccupations surviennent qui retardent parfois la fin d'un livre époustouflant. Dingue, non?
En fait, cette lecture-là et d'autres, récentes, me ramènent très loin en arrière quand, allant toutes les semaines chez le dentiste (je dirais que j'étais au collège), je bouquinait fébrilement dans l'abominable salle d'attente Les Misérables, de vous savez qui, dans une édition publiée du vivant de l'auteur, reliure cuir en dix volumes. Oh il fallait vraiment que le livre m'absorbe pour tenir le coup au centre George-Eastman (l'homme de Kodak), planqué, pour des raisons que quiconque l'a fréquenté comprendra, au fin fond du XIIIe arrondissement, 11 francs quel que soit l'acte, pas cher et désastreux, au final ça coûte bonbon en psychanalyse. Enfin voilà, c'est du passé maintenant. Sûrement que (comme dirait ma psychanalyste) j'étais une sorte d'enfant triste, d'ailleurs.
Où en étions-nous? Oui, j'ai goûté ce livre comme une lecture d'enfance, rassurante parce qu'étrangement familière, littéralement — l'étrangeté familière n'est pas forcément inquiétante, on dirait. Bienvenue dans votre famille littéraire mademoiselle. Mon Dieu je sens d'avance que le CULPET ne va pas apprécier, que je vais devoir écrire cent fois: "Je ne lirai plus Roger Nimier", conjuger à tous les temps "J'adore Fraide Vargasse" et disserter sur la place centrale du style chez Didié Déninquse.
On reprend, Les Enfants tristes est un livre éblouissant, sans une once d'ennui, qui fonce (dans les arbres) en belles bagnoles ou en avion (en flammes). Les filles et les garçons dérivent avec une folle élégance dans Paris la nuit, sur la plage du Touquet, en Amérique, dans des salons et dans des bars en attendant avec une fausse désinvolture que leur jeunesse se termine (mal). Ce ne sont pas des poseurs ce sont des enfants tristes, pour de vrai.
Exemple:
"C'était donc un visage petit, rectangulaire, guerrier. De face, il ressemblait à un masque. Dans une pièce obscure, c'était un profil de camaraderie et de tristesse. [...] Ses gestes faisaient penser à un personnage inventé, par exemple, un de ces anges insupportable dont le Seigneur se débarrasse, en les envoyant sur la terre. Alors, on les appelle des démons. Ils marchent fièrement sur les coeurs des humains et ils enragent de ne rencontrer que cette substance molle et creuse. Ils sont solitaires, parce qu'ils sont ailleurs et que les ridicules habitants de cette planète adorent, mendient la chaleur d'un regard. Ils sont jalousés. Ils le savent. Ils s'en veulent un peu. Mais dans leurs éclairs de lucidité, ils devinent qu'ils sont normaux et que les autres sont des monstres informes — fabriqués de toutes pièces, quand Dieu les a rêvés."

Mon cher ami, nous avons dû, hélas, nous tromper d'époque. Rattrapons cela.

[Roger Nimier, Les Enfants tristes, Folio]
[Illustrations décousues, de Larcenet à Odilon Redon]

Karl Marx nous parle du président Sarkozy : une exclusivité Moissonneuses

« Passé maître dans la petite fripouillerie politique, virtuose du parjure et de la trahison, rompu à tous les bas stratagèmes, aux expédients sournois et aux viles perfidies de la lutte des partis au Parlement, n’ayant jamais scrupule, une fois chassé du ministère, à attiser une révolution pour l’étouffer dans le sang une fois qu’il y est revenu, avec des préjugés de classes en guise d’idées, de la vanité en guise de cœur, menant une vie privée aussi infâme que sa vie publique est méprisable- il ne peut s’empêcher, même maintenant où il joue le rôle d’un Sylla français, de rehausser l’abomination de ses actes par le ridicule de ses fanfaronnades. »

(Karl Marx, La guerre civile en France, 1871)
Réédition 1001 Nuits, n°526, 3 euros

Madame rêve

samedi, juin 02, 2007

Saturday nigh fever

Mademoiselle part à une souaré étrenner son petit haut rose tout neuf. D'abord elle passera à l'Insolite, puis dans la cour aménagée en coquetelle dire adios à un voisin d'Amérique, puis se rendra à ladite souaré, où Mademoiselle Kelp est également attendue.
Nous vous raconterons. Ou bien non, tiens, nous garderons cela pour nous.

Manifeste

MAICHANT, PABÔ ET TELETUBBITOPHOBE










BÔ, GENTIL ET ANTILIBERAL GRAVE

Mademoiselle s'en fiche

Mademoiselle, haut dans les nuages blancs de ses amours kiosquières, se moque un peu de la désertion de son blogue, enfin, disons, du récent étiage des commentaires autres qu'émanant de cloportes aphasiques — notez que, par égard pour les quelques-uns, délectables, qui demeurent, je ne dis pas l'absence. Par égard? Je ne m'exprime pas bien, quel est le mot déjà? Vous m'avez comprise, comme disait le général.
Mais voilà, si vous ne voulez pas manifester votre plaisir, je n'y peux rien. Boudez, faites comme bon vous semble, en tout cas, nous continuons.
Cheers!

Avez-vous lu Wang Wei? (701-761, peintre et poète)

Vous êtes descendu de cheval, je vous ai versé de mon vin;
Je vous ai demandé où vous vous en alliez.
Vous m'avez dit votre désillusion,
Que vous alliez vous retirer sur les pentes des Monts du Sud
Allez, je n'ai plus de question à vous poser;
Sans fin là-bas s'étirent les nuages blancs....

[NdB: Dans la poésie chinoise, les nuages blancs chargés de lumière sont le symbole de liberté errante.]

N'abusons pas du multimédia

Vous l'avez sans doute remarqué, j'ai supprimé le petit lecteur Mp3 qui, certes, vous offrait ces mélodies délicieuses, mais ralentissait aussi considérablement l'ouverture de la page chez ceux d'entre vous qui disposent d'un matosse tout pourri (je ne vise personne).
A pu musique, donc, mais a toujours belle bouche Wesselmann, famapouales Mel ramos, joli film Audrey, kiosquier amour, posts polipoquette et plémobile mais aussi et surtout, très bientôt, ce que désespériez de revoir: des Moissonneuses Vintage.
Kelp, la Rubia and Jenny S-A on this virtual stage just for you. Oh yeah, come on let's rock with us!

Prière de l'incroyante

N'avais-je pas promis? Je suis revenue le voir. Il se tenait, comme s'il m'attendait (il m'attendait!), nonchalant et tendu dans sa guérite, les yeux baissés, feignant de lire — rien de bien passionnant, j'imagine, lui qui, je le sais, lit tant, et m'enchante au quotidien. En partant de chez moi je me dis qu'il es si beau, si beau, que je dois en garder une image. Qui sait si demain il... Mais je ne veux pas y penser: demain c'est dimanche, la guérite est fermée, quoi qu'il arrive, je devrais attendre lundi, alors à quoi bon s'alarmer? J'arpente donc le boulevard Voltaire, de retour du bar-tabac-PMU où j'achète mon poison chéri, jusqu'au moment où, sa guérite en vue, il me faut ralentir. Alors sans trop réfléchir, je sors mon appareil photographique et vole quelques clichés. Ah non, je ne me sens pas fière, voilà bien une chose que mon éducation réprouve! Voler des clichés? Allons! Je prends le dernier, mal assurée sur mes talons, le chien tirant sur sa laisse en direction de... la guérite. Personne ne m'aidera donc jamais? Nous arrivons, je lance un joyeux "Bonjour!" et plus bas, presque pour moi "mon amour". Il relève la tête, nous sommes face-à-face, je prends Libé... et, pour faire la conversation, j'ajoute "le supplément, c'est bien avec?" Que je me sens bête! Il dit "Oui", et lâche un compliment sur le chien. J'imagine qu'indirectement il m'est adressé. Je rougis, paye, regagne ma maison.
Lundi, je reviendrai, bien sûr. Lundi il n'en saura pas plus moi.
Pardon CULPET ; à lundi mon amour.

Hospitalité sudiste

Bienvenue à Kennesaw, petite ville de Georgie où, par arrêté municipal, tous les citoyens ont l'obligation de posséder en permanence chez eux (ou sur eux), une arme et des munitions.

"Les kalashnikov, très pratiques pour la maison..." (Un commerçant)
Cliquez là pour voir le film.

Lettre ouverte d'une demoiselle

Cher CULPET,

ce soir j'ai découvert avec une sincère affliction vos réserves — enfin j'use ici d'euphémisme pour ne point aggraver cette douleur — me concernant. Dieu, Dieu, O mon CULPET, j'avais tant cru vous plaire. Et voilà que vous me renvoyez à mes contradictions, celles de la jeune gauchiste, ersatz Fatale, Sylvia, Dora, Jenny, Aurore, Amy, Clarisse, qui finalement s'endort dans les bras d'Olivier, Kléber ou Machin, que sais-je? Pour ma défense j'invoque Howard, Karl, Pradeen, Jim, Winston, mais je sens qu'eux tous réunis ne sauraient me faire (re)trouver grâce à vos yeux.
Vous voulez que je suive un atelier d'écriture rééducative chez vyvianne amie? Eh bien soit, pour vous, j'irai.
Vous voulez que me voir déninxisée? Eh bien soit, pour vous, je le serai.

Faites-moi signe, mon CULPET, qu'au moins ma rééducation dont nous attendons tant ne soit pas vaine.

Toute à vous, corps et âme,

Mademoiselle.

Péhesse: je vous ai répondu en privé sur un post précédent.

vendredi, juin 01, 2007

La rumeur

Rêveries

Aujourd'hui, sur le chemin vers sa guérite, je réfléchissais à la manière dont j'allais annoncer à mon kiosquier les changements intervenus chez moi grâce au CULPET. Enfin ça, ce n'était pas un problème à proprement parler, non. Le moment critique serait de lui avouer qui j'étais, moi, en réalité, avant le rappel à l'ordre du CULPET. Lui dire que j'avais été bernée, que j'avais, du moins le croyais-je, sincèrement aimé des auteurs comme... O Dieu cruel, moins mansuet que le CULPET car il me faut le dire encore... des auteurs comme ADG, Homère, Nimier, Leroy, Parisis, Morand... Oh, oui, fouette-moi, je le mérite. Et là, en arrivant devant la guérite, planquée derrière de grandes lunettes de soleil, sourire gêné aux lèvres (sans rouge car le CULPET n'est pas une boîte de nuit), je prends timidement... Libé... le Canard... L'Obs... il me propose Challenges, avec L'Obs, pour cinquante centimes de plus, j'accepte, l'oeil mouillé. Il demande: Charlie? Oui, je vais prendre Charlie mon amour, je ne te décevrai plus jamais, c'est promis, et si tu me demandes de voter socialiste au premier tour, je le ferai, pour toi, pour nous. En fin de compte je ne lui ai rien dit, à mon kiosquier, si fier, si beau, qui sentait bon le papier chaud. À demain, mon coeur, à demain, toi au moins tu es là. Tous les jours.

[à droite, on peut voir mon vrai kiosque pris en photo par une personne que je ne connais pas mais qui n'a pas intérêt à toucher à mon kiosquier]

Minute variétoche (ça faisait longtemps)

N'avoue jamais,
Jamais, jamais, jamais, jamais
N'avoue jamais que tu aimes
N'avoue jamais, jamais,
Jamais, oh non jamais
N'avoue jamais que tu l'aimes

Si tu veux qu'on te donne
Tout ce que tu attends
Si tu veux que l'automne
Ait le goût du printemps
Sois celui qui déroute
Et souviens-toi toujours
Qu'il faut semer le doute
Pour récolter l'amour
[...]

Si tu tiens à défendre
Ton bonheur d'amoureux
Si tu tiens à entendre
Les plus tendres aveux
Soit celui que l'on aime
Pour ce qu'il ne dit pas
Qui commence un poème
Mais ne le finit pas
[...]

N'avoue jamais, jamais
Jamais, jamais
Jamais, n'avoue jamais que tu l'aimes

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