Cette vanité* restitue une partie des billets ayant été publiés sur le site Les Moissonneuses, créé le 1er août 2006 par Jenny Suarez-Ames et deux copines (Kelp et La Rubia, semblerait-il), puis co-administré — si j'ai bien compris — à partir d'août 2007 par le colonel Alfredo Smith-Garcia, qui vaporisa l'ensemble le 23 janvier 2009.
Certains billets sont bien complets de leurs commentaires, mais la plupart, non : on a fait avec ce qu'on avait.
Comme je suis une truffe en informatique, la mise en page est parfois bousculée, différente de celle d'origine. Si certaines images manquent, c'est qu'elles ont disparu des serveurs qui les hébergeaient. Quant aux liens internes des messages, la plupart ne fonctionnent évidemment plus.
Mr Paic-Machine nous signale aimablement que l'on trouve d'autres archives des Moiss' .

* Les mots en italiques sont dus à l'intelligence de l'Anonyme historique d'autres blogues, fruits plus ou moins ancillaires des Moissonneuses.

jeudi 18 février 2010

11 novembre 2008 (1)

mardi, novembre 11, 2008

11 novembre



Les saisons

C’était un temps béni nous étions sur les plages

Va-t’en de bon matin pieds nus et sans chapeau
Et vite comme va la langue d’un crapaud
L’amour blessait au cœur les fous comme les sages

As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre

C’était un temps béni Le temps du vaguemestre
On est bien plus serré que dans les autobus
Et des astres passaient que singeaient les obus
Quand dans la nuit survint la batterie équestre

As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre

C’était un temps béni Jours vagues et nuits vagues
Les marmites donnaient aux rondins des cagnats
Quelque aluminium où tu t’ingénias
À limer jusqu’au soir d’invraisemblables bagues

As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre

C’était un temps béni La guerre continue
Les Servants ont limé la bague au long des mois
Le Conducteur écoute abrité dans les bois
La chanson que répète une étoile inconnue

As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était militaire
As-tu connu Guy au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre

Guillaume Apollinaire

in memoriam Georges Leroy, mort le 9 novembre 1918.


6 approbations inconditionnelles:

thé a dit…

Ah, oui, bon choix pour le 11
Peut-être, en suivant, une lettre à Lou ?
On se croira à Nîmes.

Anonyme a dit…

Je pense à toi ma Lou pendant la faction
J'ai ton regard là-haut en clignement d'étoiles
Tout le ciel c'est ton corps chère conception
De mon désir majeur qu'attisent les rafales
Autour de ce soldat en méditation

Amour vous ne savez ce que c'est que l'absence
Et vous ne savez pas que l'on s'en sent mourir
Chaque heure infiniment augmente la souffrance
Et quand finit le jour on commence à souffrir
Et quand la nuit revient la peine recommence

J'espère dans le Souvenir ô mon Amour
Il rajeunit il embellit lorsqu'il s'efface
Vous vieillirez Amour vous vieillirez un jour
Le Souvenir au loin sonne du cor de chasse
O lente lente nuit ô mon fusil si lourd

Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou (1959), « Faction », dans une lettre datée de Nîmes, le 25 mars 1915.

thé a dit…

Ne serait-ce que pour :
"O lente lente nuit ô mon fusil si lourd "

PS. C'était moi plus haut, mais mauvais choix d'identité.

PS2. C'était un ancêtre ? Sans fouille-merdisme aucun. Moi, qu'est-ce que ça m'aurait fait plaisir d'avoir un poème dédicacé d'Apollinaire...Pour mon grand-père, je veux dire. Encore que, si je compte bien, ce devrait être arrière grand-père.

Alfredo Smith-Garcia a dit…

Non, non, le poème d'Appolinaire n'est pas dédicacé. C'est votre serviteur qui se vouvient de son arrière grand père mort à 35 ans en...novembre 1918.
Et comme chaque année, avec quelques amis, nous allons réchauffer les morts dans un cimetière du Pas de Calais, un Mémorial du Nord, ou les remparts d'une ville belge. Nous boirons des bières lourde et consolantes. Et nous dirons des noms. Nous les dirons à voix basse pour que les morts sachent qu'on est là.

Amalthée a dit…

Je pense à mon grand-père mort dans le régiment d'Alain Fournier dés le début des combats

Amalthée a dit…

Sur la photo Apollinaire ressemble à Bernanos.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire