jeudi, décembre 18, 2008
Hybrid feuquebouque

Notre brillant camarade Antoine Chainas poursuit sur son blog une passionnante réflexion sur les Hybrid fuckbooks. Chez Les Moisssonneuses, cette littérature qui mélange polar, sf, gore, porno et qui donne des textes admirablement subversifs (comme Tendres liens de Melzer que mon excellente camarade JSA a qualifié de 1984 du cul) est évidemment vivement appréciée. Je viens de remettre la main sur l'un d'eux, joyau des seventies(age d'or de l'hybridfeuquebouquisme)qui n'a pas pris une ride et qui est franchement introuvable, et qui le restera tant que la thune nécessaire n'aura pas été trouvé pour rééditer ces chef-d'oeuvres. Mais ça viendra. Vous pourrez alors lire Plein Gaz de Charles Platt.
L'argument est simple, drôle, terrifiant, obscène: une usine laisse fuir un produit chimique déshinibant qui transforme l'Angleterre en une vaste partouze sous acide qui désorganise toutes les structures existantes et fait sombrer le monde dans le Chaos.
A l'époque, c'était paru comme le Melzer au Sagittaire, la maison de Guégan, dans une collection appelée contre-coup.
La collection "Contre-coup" fut animée de 1975 à 1977 (9 titres) au Sagittaire par Guégan et (surtout) Sorin après leur éviction de Champ Libre (voir à ce sujet la magnifique Correspondance des éditions Champ Libre, en deux tomes, toujours disponible chez Ivrea), sur le modèle (jusque dans la maquette) de la collection "Chute Libre" (1974-1978, 21 titres) qu'ils avaient créée chez Lebovici — et à laquelle, soit dit en passant, Manchette et sa femme devaient collaborer comme traducteurs, avant que JPM ne soit démasqué (sic) par Debord comme l'un des frères George…
Si c'est de Tendre réseau, de David Meltzer (1977), que vous parlez, c'est dans cette première collection, "Chute libre", que ce livre a été publié.
Cher Bibliomaniaque, merci pour toutes ces utiles précisions. On peut néanmoins, je pense, parler d'une certaine continuité éditoriale dans le choix des titres des deux collections. Quant à la correspondance Champ libre, vous avez raison, c'est un des textes d'histoire littéraire les plus brillants et les plus inhustes parfois de notre temps.
Ça, question injustice, on peut dire que le père Lebo n'y allait (parfois) pas avec le dos de la cuiller ! Mais il a eu ce grand mérite, qui donne d'ailleurs la mesure de sa probité peu candide, d'avoir édité l'intégralité de cette correspondance, exposant ainsi au grand jour ses propres erreurs passées — dont il avait pleinement conscience au moment de cette publication. Principes bien différents de ceux qui régissent l'édition Fayard de la correspondance de Debord, aux bons soins d'un Mosconi qui se commet à l'Université d'été du Modem. Mais bon, on ne va peut-être pas relancer ce sujet…
Quant à la continuité entre "Chute libre" et "Contre-coup", elle est telle que l'on dirait une seule et même collection. Je ne sais plus qui avait repris les rênes de la première après le licenciement des putschistes, guégans aux pieds d'argile…
Arrrgh, pas sympa de nous aguicher comme ça ! Il va falloir absolument que j'essaye de me procurer cet ouvrage.
En tout cas, merci pour cet éclairage supplémentaire et ô combien salutaire. Le hybrid fuckbook revival est en marche !
Amitiés.
Antoine Chainas.
Tout à fait d'accord (même si je ne saisis plus trop bien de quel ouvrage il s'agit) : nous faire ruisseler les babines sur des bouquins dont on n'avait même jamais imaginé l'existence de l'auteur la veille, alors qu'on a quand même quelques centaines de chefs d'œuvre en attente sur sa table de chevet (la mienne est particulièrement costaude), ça relève de procédés que même en 1936 ils n'avaient pas osé subodorer !