Cette vanité* restitue une partie des billets ayant été publiés sur le site Les Moissonneuses, créé le 1er août 2006 par Jenny Suarez-Ames et deux copines (Kelp et La Rubia, semblerait-il), puis co-administré — si j'ai bien compris — à partir d'août 2007 par le colonel Alfredo Smith-Garcia, qui vaporisa l'ensemble le 23 janvier 2009.
Certains billets sont bien complets de leurs commentaires, mais la plupart, non : on a fait avec ce qu'on avait.
Comme je suis une truffe en informatique, la mise en page est parfois bousculée, différente de celle d'origine. Si certaines images manquent, c'est qu'elles ont disparu des serveurs qui les hébergeaient. Quant aux liens internes des messages, la plupart ne fonctionnent évidemment plus.
Mr Paic-Machine nous signale aimablement que l'on trouve d'autres archives des Moiss' .

* Les mots en italiques sont dus à l'intelligence de l'Anonyme historique d'autres blogues, fruits plus ou moins ancillaires des Moissonneuses.

vendredi 12 février 2010

23 août 2007

jeudi, août 23, 2007

PERSEVARE DIABOLICUM, ADG BIS

« La nostalgie n’est plus ce bel été »


C’est comme une dernière fête qui sent la cordite et l’océan, un dernier raout où l’on boit des fillettes de Montlouis et où l’on recharge des colts diamondback calibre 38, une dernière cavale entre Blois et Nouméa, entre Tours et la baie de Boulari, un dernier festin où l’on dévore des rillons de Sologne et des escargots géants de l’Ile des Pins.
En fait, c’est le dernier roman noir d’ADG, ou plutôt un roman posthume, J’ai déjà donné. Lire les écrivains morts que l’on a aimés, c’est tout de même ce qui ressemble le plus à une prière. J’ai déjà donné est en provenance directe du paradis des anars de droite, un testament élégant et drôle où est rassemblée toute la comédie humaine d’ADG, ses personnages inoubliables, y compris les personnages secondaires, ce qui est la marque des grands écrivains : une doctoresse blonde comme un matin français, un comptable myope qui aime Tristan Derème et Raoul Ponchon, un flic janséniste et buster keatonien à la fois.
La vie d’ADG, et subséquemment celle de ses personnages, s’est partagée entre deux pôles magnétiques : la douceur tourangelle et les brûlures du grand sud néo-calédonien. Pour les explorer, ADG avait deux héros : d’une part, maître Pascal Delcroix, avocat tourangeau et ancien para moyennement démocrate, d’autre part, Serguei Djerbitskine, dit Machin, journaliste dipsomane à la République du Val de Loire, descendant de russe blanc et nommant ses poissons rouges Paraz ou Bainville. Parfois le narrateur était Machin, (Le grand môme), parfois c’était Delcroix (Pour venger Pépère). Une amitié indéfectible les unissait, des liens qui n’avaient rien à voir avec la loi du marché ou la psychanalyse mais qui ressortissait davantage à la fraternité féodale, celle qui unit les héros de Jacques Perret.
Seulement, ADG n’est pas un écrivain aussi naïf que les vitraux qu’il admire dans les cathédrales du vieux pays et J’ai déjà donné ressemble davantage à un règlement de comptes doux amer sur ces valeurs cardinales unissant les amis de toujours, les amis qui ont connu l’ordalie du temps et de la violence.
Le lecteur d’ADG était persuadé que Djerbitskine et Delcroix, c’était à la vie à la mort mais voilà que l’on retrouve le corps de Machin dévoré par des rongeurs exotiques dans une fosse près de Nouméa. Delcroix, assisté de sa fille adoptive lolitesque, Moune, vient vérifier sur la demande de la veuve de Machin, Océane, et de son fils Louis Ferdinand, un rasta charmant mais perpétuellement dans les vapes, si par hasard il ne s’agirait pas d’un meurtre.
Des voisins du défunt amènent opportunément à Delcroix un tapuscrit en cours écrit par Machin, se passant en 1981, qui servira de fil conducteur à l’enquête. Et avec une maestria narrative de grand seigneur, ADG fait alterner un récit calédonien en 2003 et un polar provincial des débuts du mitterrandisme.
Chant du cygne d’une amitié où le mensonge et la trahison avaient leur part, J’ai déjà donné pourrait se résumer dans ce jeu de mots, un des plus beaux d’ADG, pourtant expert en la matière : « La nostalgie n’est plus ce bel été. »

Jérôme Leroy (Le Figaro)

2 approbations inconditionnelles:

Olivier a dit…

Excuse moi de te déranger une nouvelle fois, mais ADG que tu aimes tant est de ma famille, il porte le même nom que moi : Fournier. Drôle de hasard.

Alfredo Smith-Garcia a dit…

Tu ne me déranges pas, ce que tu dis est d'un intérêt confondant au contraire

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